4.2 - Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim.
On découvre dans ces deux versets, que le Christ, après avoir reçu de Jean le baptême dans les eaux du fleuve Jourdain, est " saisi " de l'Esprit Saint et se laisse conduire docilement, par lui au désert pour y être tenté par le diable
L'analyse nous a fait découvrir, que dès notre baptême, 1' Esprit vient sur nous, et normalement se saisir de nous, mais nous laissons nous saisir aussi docilement et facilement que le Christ ? N'y a-t-il pas de notre part une résistance certaine à cet état de fait...devant ce qui pour nous est une inconnue que nous ne maîtrisons pas.
Crainte, peur, suspicion et bien d’autres sentiments, or Jésus nous démontre par son agir, et quoi que nous demande l'Esprit agissant, que cela ne peut être mauvais ni nuisible pour nous, mais que c’est au contraire un creuset dans lequel Dieu agit, afin de nous amener à une réalité toute subjective, tout autant qu'incarnée, « le devoir», devoir que Dieu attend de chacun de nous, sans exception, pour l'élaboration du Royaume.
Pourquoi fuyons-nous le désert alors que Jésus, lui, s’y laisse mener ? Jésus ne nous montre-t-il pas que même là Dieu est présent, parle, agit, nous guide et nous conduit ! Là encore nous fuyons par peur de l'inconnu, et où est passée alors notre confiance en Dieu, si devant l'absolu, nous ne savons que fuir.
Tenté par le diable, oh ! Dieu, surtout jamais, mais n'y a-t-il pas plusieurs sortes de tentations, surtout celles de refuser systématiquement ce que l'Esprit nous demande de faire, fuir plutôt que résister, ne pas écouter afin de ne pas entendre. Ainsi, voyez-vous, là où nous pensions bien faire, c'est souvent là que nous chutons.
L’être que nous sommes devant Dieu a besoin du désert pour sa purification, il a besoin de se laisser guider par l'Esprit, (volonté du Père), de faire un retour en soi, de s'isoler pour faire relecture de sa vie, pour y voir plus clair, pour avoir un bon discernement, clarifier son esprit, ses pensées, son vouloir, son devenir, prendre le temps pour des résolutions saines, constructives ; sans désert, il n'y a rien de tout cela, c'est le vide, l'éternelle tentation qui nous entraîne toujours plus loin dans la chute.
Le baptême nous donne cette force, et le carême, qui chaque année revient dans l'Église, n'est pas une contrainte, mais au contraire une possibilité de se retrouver face à face avec Dieu, possibilité que le tentateur exerce par-dessus tout, .pour éviter justement ce face à face avec Dieu.
Le tentateur prend ici plusieurs noms, diversité de nos tentations, mais il n'y a que le Christ qui appelle « Satan » le tentateur ; en fait et c'est là son plus grand rôle, il ne fait que tenter, c'est l'homme aveuglé qui tombe, donc lui n'y est pour rien si l’on se laisse bêtement avoir, berner, démontrant ainsi que l'intellect que Dieu a placé en nous ne sert strictement à rien, ou si peu.
Il sait que le Christ doit venir et qu'Il Est l'Unique qui aura pouvoir sur lui, il cherche donc à le trouver avant que Sa puissance ne devienne trop grande, et qu'il ne puisse plus Le combattre d'où le persiflage constant dans ses demandes, " si tu es le fils de Dieu.
A) Le désert: lieu de prédilection où l'homme se retrouve face à lui-même, lieu où se sont déroulés les événements fondateurs de la foi d'Israël, pour son édification, comme peuple choisi, comme adorateur du Dieu Unique, Vivant, en marche avec son peuple, dont la confiance et l'espérance ne seront jamais plus mises en doute.(Dt 8.3). Le tentateur, toujours persifleur, Lui demande d'ordonner, car seul le Christ a ce pouvoir, la réponse humble et simple de Jésus qui se classifie tout simplement comme un fils d'Israël, connaissant bien la Loi de ses pères, transformant la nourriture matérielle, certes, nécessaire à notre corps, en nourriture spirituelle, plus nécessaire encore aux besoins de notre âme.
B) Le temple : Jérusalem, cœur de la foi et de la cité sainte: sur le pinacle de la foi, tous les miracles accomplis en ce lieu seraient pour l'univers une reconnaissance incontestée que Jésus est le Christ, Fils de Dieu. Être, paraître, vanité sublimée, orgueil illimité, rien de tout cela pour Jésus qui simplement répond par une foi totale, une croyance aveugle, une espérance indéfectible, possible et ouverte à tout homme sur terre, sans limites, sans distinction.(Ne 11,1; Is 48,2; PS 91,11-12; Ex 17,2-7; Nb 14,22; PS 78,18) Demander, certes, mais uniquement ce qui est nécessaire pour notre âme, et pour le salut des frères et sœurs en ce monde. À ce moment, tout ce que nous demandons nous est déjà accordé.
C) La montagne : Moïse sur le mont Sinaï, Jésus transfiguré sur le mont Tabor, telle est la symbolique prise par le démon prend pour élever Jésus vers le sommet le plus haut d'une montagne, vertigineuse voie, où le monde est à ses pieds, où il régnera en maître absolu dans le despotisme, la tyrannie, l'absolutisme, en somme dans ce qui est illimité pour les yeux, mais étroitement limité pour l'esprit . La condition de ce pouvoir, rendre un culte à Satan qui veut prendre la place du créateur, de son propre créateur, car lui aussi est une créature de Dieu, quelle que soit la puissance de ses pouvoirs.
C’est la réponse de Jésus, qui met le démon à la portée de chacun en lui intimant 1’ordre de se retirer, et en invoquant uniquement le nom de Dieu, toujours dans la foi de ses pères, qui lui ont transmis le message. Tu honoreras Dieu seul et ne rendras un culte qu'à Lui Seul ; car dans tout l'univers, il n'y a pas d'autre Dieu que le Seigneur. (Dt 6,13-16; Dn 3,5-10-15;) Et dans cette perspective nous voyons aussi, les vœux de pauvreté, de chasteté et d'obéissance faits par les prêtres lors de leurs ordinations.
Jésus, se tenant à notre portée, nous montre l'infaillibilité d'un chemin que nous pouvons tous prendre, sans distinction et sans limites, chemin qui mène droit au Père, chemin qu'il Est lui-même pour nous, route toute tracée du Salut, qu'il lui faudra malgré tout entériner par la croix, qui de supplice et d'infamie, se révélera glorieuse pour nous et destructrice pour Satan.