Evangiles
Synoptiques

Evangiles selon Saint Marc, Saint Matthieu,
Saint Luc et en complément Saint Jean


Ce site est destiné à l’étude des évangiles et a leur meilleure compréhension.
Les trois premiers dits synoptiques, attribués à St Marc, St Matthieu et St Luc...
et aussi l’évangile selon St jean, qui complète les écrits apostoliques avec une étude sur l’Esprit Saint 

Saint Marc

Communément accepté par les Pères de l'Église, découvrir ou redécouvrir le premier Evangile écrit par St Marc, d’après son écoute pendant la prédication de St Pierre à la communauté ecclésiale naissante de Rome.

Saint Matthieu

Ce colleteur d’impôts à Capharnaüm est celui qui met le plus en valeur par ses écrits la continuité entre l’Ancienne et la Nouvelle Alliance, afin de démontrer que Jésus est le Messie annoncé par les prophètes, attendu par Israël.  

Saint Luc

Sous la plume de ce médecin lettré, compagnon de ST Paul, la Bonne Nouvelle annoncée chante un véritable cantique de grâce et d’amour, avec joie et optimisme, nous rapportant les détails de la Sainte Famille, depuis l’Annonciation, la naissance et l’enfance de Jésus.

Saint Jean

Intime du Christ, ses écrits sont un éblouissant témoignage de la vie du Messie, de sa transfiguration, des miracles accomplis, de l’agonie, de la mort de Jésus en croix, de sa mise au tombeau et de sa résurrection au matin de Pâques.

L'Esprit Saints

Qu'est ce que l'Esprit Saint ? Comment l'expliquer ?
Comment se manifeste t-il ?
Essayons ensemble d'y voir plus clair.

Jésus

Spontanément, lorsque vous pensez à Jésus ou quand vous parlez de Lui, comment l’appelez-vous ?
Jésus, Christ, Seigneur, Dieu, …ou autrement !

Évangile de Jésus, le Christ de Dieu
selon Saint-Marc 

Chapitre10
Nous abordons maintenant dans ce chapitre dixième, notamment dans les versets 1 à 12 un thème très récurrent. Malheureusement il est toujours d’actualité. Depuis la nuit des temps, il en a été ainsi, et hélas, ce n’est pas demain que cela cessera. Il s’agit du mariage, de l’union de l’homme et de la femme, dans l'alliance sacrée son Dieu nous a prédestinés, car il ne s’agit pas uniquement de l’amour de deux êtres, mais de l’AMOUR que Dieu a mis en nous et qui est sa contribution à la réalisation de son économie divine. Sans cet AMOUR, le monde ne pourrait pas exister, et nous en avons la preuve au fil du temps, car bien que toutes sortes de malheurs puissent arriver sur terre, L’Amour le surpassent et le surpasseront toujours, ou qu'il se trouve dans n'importe quel endroit du globe. L’AMOUR de DIEU est universel, et il réside profondément en chacun de nous. C’est de cet AMOUR que Dieu a dit: « Faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance ». Il n’y a rien de plus fort et il n’y aura jamais rien de plus fort au monde, et ce, jusqu’à la fin des temps.   

1- Partant de là, Jésus arrive dans le territoire de la Judée, au-delà du Jourdain. De nouveau, des foules s’assemblent près de lui, et de nouveau, comme d’habitude, il les enseignait.
2- Des pharisiens l’abordèrent et, pour le mettre à l’épreuve, ils lui demandaient : « Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? »
3- Jésus leur répondit : « Que vous a prescrit Moïse ? »
4- Ils lui dirent : « Moïse a permis de renvoyer sa femme à condition d’établir un acte de répudiation. »
5- Jésus répliqua : « C’est en raison de la dureté de vos cœurs qu’il a formulé pour vous cette règle.
6- Mais, au commencement de la création, Dieu les fit homme et femme.
7- À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère,
8- il s’attachera à sa femme, et tous deux deviendront une seule chair. Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair.
9- Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! »
10- De retour à la maison, les disciples l’interrogeaient de nouveau sur cette question.
11- Il leur déclara : « Celui qui renvoie sa femme et en épouse une autre devient adultère envers elle.
12- Si une femme qui a renvoyé son mari en épouse un autre, elle devient adultère. »
13- Des gens présentaient à Jésus des enfants pour qu’il pose la main sur eux ; mais les disciples les écartèrent vivement.
14- Voyant cela, Jésus se fâcha et leur dit : « Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas, car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent.
15- Amen, je vous le dis : celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas. »
16- Il les embrassait et les bénissait en leur imposant les mains.
17- Jésus se mettait en route quand un homme accourut et, tombant à ses genoux, lui demanda : « Bon Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? »
18- Jésus lui dit : « Pourquoi dire que je suis bon ? Personne n’est bon, sinon Dieu seul.
19- Tu connais les commandements : Ne commets pas de meurtre, ne commets pas d’adultère, ne commets pas de vol, ne porte pas de faux témoignage, ne fais de tort à personne, honore ton père et ta mère. »
20- L’homme répondit : « Maître, tout cela, je l’ai observé depuis ma jeunesse. »
21- Jésus posa son regard sur lui, et il l’aima. Il lui dit : « Une seule chose te manque : va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres ; alors tu auras un trésor au ciel. Puis viens, suis-moi. »
22- Mais lui, à ces mots, devint sombre et s’en alla tout triste, car il avait de grands biens.
23- Alors Jésus regarda autour de lui et dit à ses disciples : « Comme il sera difficile à ceux qui possèdent des richesses d’entrer dans le royaume de Dieu ! »
24- Les disciples étaient stupéfaits de ces paroles. Jésus reprenant la parole leur dit : « Mes enfants, comme il est difficile d’entrer dans le royaume de Dieu !
25- Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu. »
26- De plus en plus déconcertés, les disciples se demandaient entre eux : « Mais alors, qui peut être sauvé ? »
27- Jésus les regarde et dit : « Pour les hommes, c’est impossible, mais pas pour Dieu ; car tout est possible à Dieu. »
28- Pierre se mit à dire à Jésus : « Voici que nous avons tout quitté pour te suivre. »
29- Jésus déclara : « Amen, je vous le dis : nul n’aura quitté, à cause de moi et de l’Évangile, une maison, des frères, des sœurs, une mère, un père, des enfants ou une terre
30- sans qu’il reçoive, en ce temps déjà, le centuple : maisons, frères, sœurs, mères, enfants et terres, avec des persécutions, et, dans le monde à venir, la vie éternelle.
31- Beaucoup de premiers seront derniers, et les derniers seront les premiers. »
32- Les disciples étaient en route pour monter à Jérusalem ; Jésus marchait devant eux ; ils étaient saisis de frayeur, et ceux qui suivaient étaient aussi dans la crainte. Prenant de nouveau les Douze auprès de lui, il se mit à leur dire ce qui allait lui arriver :
33-  « Voici que nous montons à Jérusalem. Le Fils de l’homme sera livré aux grands prêtres et aux scribes ; ils le condamneront à mort, ils le livreront aux nations païennes
34- qui se moqueront de lui, cracheront sur lui, le flagelleront et le tueront, et trois jours après, il ressuscitera. »
35- Alors, Jacques et Jean, les fils de Zébédée, s’approchent de Jésus et lui disent : « Maître, ce que nous allons te demander, nous voudrions que tu le fasses pour nous. »
36-  Il leur dit : « Que voulez-vous que je fasse pour vous ? »
37- Ils lui répondirent : « Donne-nous de siéger, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire. »
38- Jésus leur dit : « Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire, être baptisé du baptême dans lequel je vais être plongé ? »
39- Ils lui dirent : « Nous le pouvons. » Jésus leur dit : « La coupe que je vais boire, vous la boirez ; et vous serez baptisés du baptême dans lequel je vais être plongé.
40- Quant à siéger à ma droite ou à ma gauche, ce n’est pas à moi de l’accorder ; il y a ceux pour qui cela est préparé. »
41- Les dix autres, qui avaient entendu, se mirent à s’indigner contre Jacques et Jean.
42- Jésus les appela et leur dit : « Vous le savez : ceux que l’on regarde comme chefs des nations les commandent en maîtres ; les grands leur font sentir leur pouvoir.
43- Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur.
44- Celui qui veut être parmi vous le premier sera l’esclave de tous
45- car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. »
46- Jésus et ses disciples arrivent à Jéricho. Et tandis que Jésus sortait de Jéricho avec ses disciples et une foule nombreuse, le fils de Timée, Bartimée, un aveugle qui mendiait, était assis au bord du chemin.
47- Quand il entendit que c’était Jésus de Nazareth, il se mit à crier : « Fils de David, Jésus, prends pitié de moi ! »
48- Beaucoup de gens le rabrouaient pour le faire taire, mais il criait de plus belle : « Fils de David, prends pitié de moi ! »
49- Jésus s’arrête et dit : « Appelez-le. » On appelle donc l’aveugle, et on lui dit : « Confiance, lève-toi ; il t’appelle. »
50- L’aveugle jeta son manteau, bondit et courut vers Jésus
51- Prenant la parole, Jésus lui dit : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » L’aveugle lui dit : « Rabbouni, que je retrouve la vue ! »
52- Et Jésus lui dit : « Va, ta foi t’a sauvé. » Aussitôt l’homme retrouva la vue, et il suivait Jésus sur le chemin.

Evangile selon Saint Marc

1 - Partant de là, Jésus arrive dans le territoire de la Judée, au-delà du Jourdain. De nouveau, des foules s’assemblent près de lui, et de nouveau, comme d’habitude, il les enseignait.

Nous l’avons vu, dans le chapitre précédent, les divers conseils sur la vie en communauté ont été donnés à Capharnaüm, en Galilée. La longue traversée de la Palestine du Nord au Sud Est achevé. Jésus se rend maintenant à Jérusalem. Le voici maintenant dans ce verset, en contact avec les populations du Sud Palestinien, des deux côtés du fleuve Jourdain. A l’Est avec païens habitants de Pérée ( l’actuelle Jordanie) et à l’Ouest avec les Judéens, ses compatriotes Juifs. Sa mission encore une fois se poursuit auprès de toutes les populations sans distinction, c’est là son projet messianique. La foule étant présente, attentive aux instructions que le Maître va formuler Les conditions sont donc requises pour que le message de Jésus atteigne, et si possible touche un vaste public.

2 - Des pharisiens l’abordèrent et, pour le mettre à l’épreuve, ils lui demandaient : « Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? »

Des pharisiens, une fois de plus l’aborde dans l’esprit de le faire se contredire et pouvoir ainsi le dénigré publiquement. La dernière controverse avec ces fervents défenseurs de la loi de Moïse remonte maintenant assez loin. (Il s’agit du temps passé dans la réalité, ne pas confondre avec les chapitres explicatifs qui s’enchaînent). Bien entendu, ces pharisiens qui se disent très pieux et rigoristes, profitent de l’aubaine, en fonction de la forte concentration de la population présente pour mettre à l’épreuve le Maître, en le questionnant sur un thème difficile, et surtout portant à polémique en fonction de la discussion qui pourrait s’engager dans cette communauté si diversifiée. Le piège, gros comme une montagne, est ici tendu à Jésus sur la question du divorce. (de nos jours, toujours d’actualité).

[Ce problème du renvoi de l’épouse était vivement débattu déjà depuis fort longtemps entre tous les protagonistes confrontés à ce problème, tout comme encore au temps de Jésus, la discussion n’étant pas résolue, et se manifestera d’autant plus au début de l’ère chrétienne, et j’ajoute, qui ne s'est toujours pas conclu de nos jours. A cette époque, deux écoles célèbres s’affrontaient parmi les rabbins des deux partis opposés; D’un côté, l’école du rabbi HILLEL, un pharisien libéral, acceptait les multiples raisons que mari et femme pouvaient avoir pour se séparer. De l’autre côté, l’école du rabbi SHAMMAÏ, de tendance fortement rigoriste, après avoir entendu les diverses raisons évoquées par le mari et la femme, n’admettait qu’un nombre très limité de répudiation. Comme dans la loi Israélite, c’était l’homme uniquement qui avait le pouvoir de répudier sa femme, rabbi SHAMMAÏ, à sa façon ,défendait la cause des femmes dans une société patriarcalement insolente. C’est donc en Rabbi hautement qualifié que Jésus est sollicité de prendre parti pour l’une ou l’autre position de ses pairs. Le piège est très clair, voire limpide. On veut l’enfermer dans un camp ou dans l’autre! Ainsi on pourra le taxer de laxiste ou de rigoriste en la matière et selon, bien entendu la réponse que le Maître va donner. 

3 - Jésus leur répondit : « Que vous a prescrit Moïse ? »

Jésus, connaissant les écritures parfaitement, sans se laisser décontenancer, de façon magistrale renvoie ses interlocuteurs à la source du débat. Il est toujours bon de commencer par le début dans chaque situation qui se présente pour en connaître les tenants et les aboutissants. : « Que vous a prescrit Moïse ? ». C’est clair net et précis, pas d’échappatoire possible pour les pharisiens, qui se disent docteurs de la loi.  

4 - Ils lui dirent : « Moïse a permis de renvoyer sa femme à condition d’établir un acte de répudiation. »

Pour les pharisiens la réponse est donc facile. Cette référence à la loi de Moïse manifeste l’usage ancien et légal du divorce. ( DT 24,1). La législation israélite remontant donc à Moïse, tendait seulement à humaniser un peu la pratique du divorce en imposant au mari, de remettre à l’épouse répudiée, une attestation écrite, même pour des raisons futiles, sans autres spécificités. 
[Mais Jésus n’ignore pas que la tradition juive à péché par excès de laxisme au profit du seul bénéfice masculin. Un verset du Deutéronome ouvrait, hélas, la voie à tous les abus. Soit, un homme qui a pris femme et bien qu’ayant consommé le mariage, la femme n’ayant pas trouvé grâce à ses yeux, lui impute une tare et rédige de fait un acte de répudiation, ce qui permet de là renvoyer de chez lui! Très pratique en soi, rapide et surtout très expéditif. L’historien Flavius Josèphe, du 1er siècle, atteste une grande liberté prise par l’école du rabbi HILLEL, à partir de ce passage de la TORAH, (livre qui recueille toutes les cinq parties de la vie communautaire du peuple juif de la création à Moïse) qui faisait force de loi et qui spécifiée :«Celui qui veut divorcer, pour quelque cause que ce soit, (et multiples sont les causes chez les hommes, peuvent émettre à ce sujet,) qu’il le certifie par écrit » (antiquités juives 4, 8,23).  

5 - Jésus répliqua : « C’est en raison de la dureté de vos cœurs qu’il a formulé pour vous cette règle.

Conscient de ce type d’interprétation et d’autres, Jésus commence par restituer la loi de Moïse à son juste niveau. C’est dû à l’endurcissement des cœurs que Moïse a formulé ainsi cette loi. Le Thème, hélas, sans cesse renouvelé par les prophètes sur l’endurcissement des cœurs du peuple élu à la nuque raide, rebelle à la parole de Dieu, emplit l’histoire d’Israël. Jésus a lui -même déploré cet endurcissement chez les scribes et les pharisiens représentants qualifiés du peuple.  

6 - Mais, au commencement de la création, Dieu les fit homme et femme.

Mais le Maître en rabbi accompli, entend notifier plus profondément sa pensée. Comme il l’a déjà fait précédemment au sujet de cette autre loi de >Moïse sur le sabbat, il en appelle par-delà la tradition juive à l’intention originelle du créateur. Jésus remonte donc le temps, c’est le livre de la genèse qu’il cite à présent (Gn 1.27)qui présente l’homme et la femme comme une base solide sur laquelle doit s’édifier l'humanité et non se détruire. 

7 - À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère,

Créés mâle et femelle, dans la dualité des sexes, ils sont tous deux à l’image de Dieu. Là, réside la grandeur de leur union, Jésus en tire donc la conclusion de la conséquence voulue par Dieu le Père. À cause de cela ils ne feront plus qu’UN. Ils quitteront pères et mères pour fonder leur propre foyer, dans une union des cœurs et des âmes uniques en soi. Jésus fait référence explicitement ici au deuxième récit de la création (Gn 2,24) (Cette clause, aujourd’hui encore, n’est-elle pas toujours d’actualité ?)

8 - il s’attachera à sa femme, et tous deux deviendront une seule chair. Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair.

Le texte est très fort. La parole du Maître résonne et cingle comme un glaive. L’homme et la femme ont vocation de fonder une cellule familiale autonome. Le couple qu’ils constituent une unité fondamentale, née de leur relation amoureuse et sexuelle. Cette unité primordiale est fondée sur le dessin que Dieu a choisi et voulu pour l’humanité, est cette réalité est à sauvegarder à tout prix. 

9 - Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! »

Jésus maintenant insiste avec fermeté! « Ce que Dieu à uni, que l’homme ne le sépare pas! » Tout est dit. Personne, loi de Moïse ou autre, personne ne doit ni ne peut, changer d’un iota la volonté suprême du Créateur. Sur ce point aussi, nous aurons, qui que nous soyons, juge ou simple citoyen des comptes à rendre au jour du jugement. 

Evangile selon Saint Marc

10 - De retour à la maison, les disciples l’interrogeaient de nouveau sur cette question.

Sa rigueur n’a pas fini d’interroger ses propres disciples. Comme à leur habitude, une fois seule, ils interpelles le Maître sur le vigueur de l’enseignement et de sa détermination à ce sujet. Ils prennent un peu, le relais de pharisiens pour comprendre en aparté, le raisonnement inattendu du Maître.

[Jésus interrogé prend donc de la hauteur jusque-là insoupçonnée. Il y a ici un prophète bien plus grand que Moïse, le législateur du peuple élu. Le Messie vient avec les pleins pouvoirs divins, restaurer la création dans l’ordre voulu par le Créateur. La loi doit être lue, comprise et interprété avec justesse. Aucune dérogation n’y est autorisée. Si Jésus est rentré dans le débat qui court entre les sages les rabbins vedettes de ce temps-là, HILEL et SHAMMAÏ entre autres, il ne se laisse pas prendre au jeu des légistes juifs et de leur casuistique.Il réaffirme avec force, le sens réel donné par Dieu à l’origine à l’union matrimoniale. La voie qu’il ouvre avec détermination est beaucoup plus exigeante que les points de vue humains]

11 - Il leur déclara : « Celui qui renvoie sa femme et en épouse une autre devient adultère envers elle.

Jésus répond donc à ses amis, avec une formule étonnante! On peut faire deux remarques. La première est qu’il s’agit maintenant, au-delà des séparations dues au divorce, le remariage des protagonistes séparés. Cet état, sans aucune contrepartie, est traité par Jésus d’Adultère. Un thème sévère et récurrent, par lequel les prophètes flétrissaient Israël pour ses nombreuses ruptures d’alliances avec Dieu. (Os 1.3)

12 - Si une femme qui a renvoyé son mari en épouse un autre, elle devient adultère. »

La seconde remarque est dans les termes qui reconnaissent à la femme la même possibilité qu’a l’homme d’engager une action de divorce. Ce cas exceptionnel, pris volontairement par le Maître, n’existait pas dans la législation juive au temps de Jésus. Il relève et révèle une situation relevant du droit romain, qui est tout aussi négatif et réfutable.

[cette dernière remarque se réfère à l’adresse des croyants venus du paganisme, et Jésus doit tenir compte dans ses propos des lois romaines. Ces deux remarques suffisent à montrer que la ferme pensée de Jésus sur le divorce a été appliquée par l'Église primitive au vu des situations nouvelles qui s’imposaient à elle, et il n’est pas étonnant qu’il en soit de même aujourd’hui encore. L’Église se trouve toujours confrontée à des unions conjugales rompues et reformées. So rôle dans ces situations difficiles n’est pas à envié. Elle se trouve entre l’enclume et le marteau. Espérons que le Christ dans sa mansuétude, fasse bon accueil aux exclus et aux pécheurs. ]

[Nous allons voir dans les versets suivant une doctrine magistrale du Maître vis-à-vis de ses disciples.Au beau milieu de l’enseignement que Jésus prodigue sur la manière de devenir ses disciples Il accueille des enfants. Le maître a déjà manifesté son intérêt pour le monde de l’enfance. Face aux prétentions orgueilleuses des douze Apôtres il s’est alors lui-même présenté comme le serviteur de tous. Ici le message est repris avec un accent un peu différent. Le Maître va montrer à ses amis que les enfants sont le modèle parfait de ceux qui accueillent le royaume de Dieu.] 

13 - Des gens présentaient à Jésus des enfants pour qu’il pose la main sur eux ; mais les disciples les écartèrent vivement.

On présente des gens nous explique Marc à Jésus pour les lui faire toucher. Ou ? Quand ? Pourquoi ? Pour quelle circonstance ? Comme à son habitude, Marc ne s’intéresse pas aux détails, ce qu’il veut c’est démontré le qui propos qui s’exerce entre lui et l’éducation qu’il doit donner à ses disciples. Bien entendus en bon juif, suivant les mœurs antiques, les disciples les écartent. Esclaves, femmes et enfants à cette époque n’étaient absolument pas considérés humainement parlant, voire même totalement méprisés. Ils sont donc mis au banc des exclus de la société, civile et religieuse. 

14 - Voyant cela, Jésus se fâcha et leur dit : « Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas, car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent.

Ce mépris des tous petits, des moins que rien, des exclus, le Maître en est profondément heurté. En colère, Jésus montre le sens profond de son irascibilité. Les enfants! Voilà! Comment peut-on se prendre pour des enfants, qui représentent malgré tout, la génération suivante de ceux qui dirigeront le pays, et qui surtout ont aussi droit au royaume. Jésus les désigne donc comme bénéficiaires du Règne de Dieu qui vient, thème favori de sa proclamation. 

15 - Amen, je vous le dis : celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas. »

Les propos du Maître peuvent choquer ses interlocuteurs qui louent l’esprit d’enfance, la candeur et l’innocence de ces petits, ce que les adultes ont perdu depuis longtemps. La capacité d’écoute et de confiance fait de ces petits des êtres à parts. C’est cette disponibilité foncière qui manque aux adultes qui font que les enfants sont des exemples pour les croyants.

16 - Il les embrassait et les bénissait en leur imposant les mains.

Et Jésus, pour bien démontré sa détermination passe des paroles aux actes. L’étreinte affectueuse de ces petits, mal aimés et rejetés, est hautement significative. D’autant plus la bénédiction et l’imposition des mains, geste habituel des rabbins lorsqu’ils donnaient la bénédiction aux adultes, signes de réconciliation avec Dieu. Dans cette solennité que démontre Jésus, il rectifie le point de vue de ses disciples pour les taches qu’ils auront par la suite à accomplir dans l’Église que par leur apostolat ils vont fonder.

17 - Jésus se mettait en route quand un homme accourut et, tombant à ses genoux, lui demanda : « Bon Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? »

Avant que Jésus et ses disciples n’ait pu quitter le lieu où ils furent interpeller pour diverses controverses, un homme s’approche, et se met à genoux, particularité qui choque pour l’époque, notamment vis-à-vis d’un maître. Il y va de son côté flatteur semble-t-il pour que Jésus l’écoute et lui réponde directement. Il le qualifie de « bon Maître » Er sa question de vouloir savoir comment si prendre pour obtenir la vie éternelle n’est pas banal.  

18 - Jésus lui dit : « Pourquoi dire que je suis bon ? Personne n’est bon, sinon Dieu seul. 

Jésus d’emblée avant de répondre à l’inconnu récuse la qualification qu’on lui applique. Il tient d’abord à réaffirmer l’essentiel de la foi juive, seul Dieu est bon, dans sa transcendance absolue, et détenteur de la bonté. Devant l’assemblée qui assiste à la scène, le Maître se doit d’être inattaquable pour éviter toute allégation sur sa personne.

[Ceci dit, la question posée par l’inconnu et fort pertinente. Le souci de parvenir à la béatitude future est une quête louable pour un juif pieux, scribes et pharisiens en tête. Jésus accueille donc bien la question et se prépare à lui répondre. Comme tout bon rabbin de son temps, Jésus est mis en demeure de se prononcer clairement sur ce qui, d’après la tradition juive et la pensée de son temps en plus de sa pensée personnelle, l’essentiel de la loi de Moïse.]

Evangile selon Saint Marc

19 - Tu connais les commandements : Ne commets pas de meurtre, ne commets pas d’adultère, ne commets pas de vol, ne porte pas de faux témoignage, ne fais de tort à personne, honore ton père et ta mère. »

En bon connaisseur de la loi, Jésus lui cite d’abord des extraits du Décalogue (Ex 20,1à7), ceux des commandements qui concernent l’amour du prochain. En disant « ne fait de tort à personne », il résume finalement l’essentiel de l’esprit de la loi. Sa réponse concerne aussi bien l’inconnu que l’ensemble des gens qui écoutent cette conversation. ne pas connaître ces versets du décalogue serait une faute grave. En fait Jésus interpelle l’inconnu sur sa connaissance des écritures et surtout sur sa façon de penser et d’agir. 

20 - L’homme répondit : « Maître, tout cela, je l’ai observé depuis ma jeunesse. »

L’homme ainsi mit devant ses propres responsabilités vis-à-vis de la loi et des commandements que Dieu à donner à Moïse, réplique immédiatement. Familier de la Torah, (livre de la loi hébraïque) il s’empresse de spécifier que depuis sa jeunesse il a observé tous ces commandements. Bien entendu, une telle parole est révélatrice de la droiture et de la fidélité religieuse de ce juif pieux et Jésus ne s’y trompe pas. 

21 - Jésus posa son regard sur lui, et il l’aima. Il lui dit : « Une seule chose te manque : va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres ; alors tu auras un trésor au ciel. Puis viens, suis-moi. »

Le regard que pose Jésus sur cet homme à quelque chose d’inoubliable. Habituellement en fonction des demandes ou des controverses qu’on lui propose, la plupart du temps c’est un regard de reproche, voire même de colère qui s’exprime sur le visage du Maître. Ici, c’est un regard plein de tendresse, et d’estime profonde qu’il lui adresse. L’expression qui l’accompagne (et se mit à l’aimer) à une richesse insoupçonnée.L’amour de Dieu dans l’ancien Testament a présidé à l’élection de faire d’Israël le peuple élu. C’est ce même amour divin que Jésus exerce sur ce juif fidèle en tout à Dieu, et ce choix s’exprime par une exigence rare, pour faire de cet homme un disciple.

[Jésus demande donc à cet homme de tout abandonner pour le suivre. Ceci n’est pas demandé à tout le monde. Ceci est déjà commandé en premier lieu par le mode de vie à adopter pour suivre le Maître. Sa mission est un ministère itinérant, entièrement détaché des conditions de vie ordinaire de tout être vivant, une famille et des biens. Finalement dans son interpellation finale « viens et suis-moi » invite l’inconnu à dépasser la foi de ses pères, se dépasser pour devenir disciple à part entière, et avoir le privilège de suivre le Messie]  

22 - Mais lui, à ces mots, devint sombre et s’en alla tout triste, car il avait de grands biens.

Mais ce dépassement n’est pas facile à faire comme l’atteste le refus de l’homme fortement attristé car fortement riche et que cette richesse l’a finalement empêché de répondre positivement à l’appel de Jésus. La bonne nouvelle que propose Jésus à annoncer au monde est un appel à un détachement et à un dépassement. IL ne suffit pas d’être fidèle aux commandements de Dieu et à la loi de Moïse, il faut d’abord se mettre à la suite de la personne du Messie, avec toutes les exigences que cela représente La pointre du récit finalement n’est pas dans l’abondons des biens en soit, mais dans l’attachement à la personne du Christ, ce que firent les disciples en devenir en tant qu’Apôtres. 

23 - Alors Jésus regarda autour de lui et dit à ses disciples : « Comme il sera difficile à ceux qui possèdent des richesses d’entrer dans le royaume de Dieu ! »

Le refus que Jésus vient d’essuyer de la part de l’homme riche devient l’occasion d’un approfondissement avec les disciples. A nouveau le regard circulaire de Jésus laisse présager de lui un message important. Voir la citation du verset 23. 

24 - Les disciples étaient stupéfaits de ces paroles. Jésus reprenant la parole leur dit : « Mes enfants, comme il est difficile d’entrer dans le royaume de Dieu !

La réaction des disciples montre la résistance naturelle de leurs esprits à l’accueil d’un tel message! Le Maître est obligé de renouveler son avertissement.

25 - Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu. »

Et pour illustrer avec force cette difficulté, il use une image devenue célèbre dans le monde. L’exagération est flagrante! Cette hyperbole est faite pour attirer l’attention Le chameau avec ses lourdes charges, évoque parfaitement l’encombrement du riche par son opulence. La comparaison est claire même si un peu frustrante.

26 - De plus en plus déconcertés, les disciples se demandaient entre eux : « Mais alors, qui peut être sauvé ? »

On le voit, Jésus à l’art et la manière de faire rebondir les réflexions. C’est fort déconcerté que les disciples posent cette question au Maître :« Qui peut être sauvé ? » On comprend aisément l’incompréhension des disciples devant l’enseignement déroutant de leur Maître! Hébétée par le propos, ils vont jusqu’à ce demandé et s’interroger pour savoir si quelqu’un dans ces conditions a encore une chance d’être sauvé et puisse accéder au salut! La question semble des plus logique dans leur petitesse d’esprit. 

27 - Jésus les regarde et dit : « Pour les hommes, c’est impossible, mais pas pour Dieu ; car tout est possible à Dieu. »

Jésus comprend leur désarroi. Il les regarde une fois de plus avec insistance pour bien fixer dans leur tête sa pensée et donne la réponse (lire le verset). Cette affirmation du Maître est catégorique. Le salut dépasse les capacités humaines C’est un don gratuit de Dieu. LUI seul peut sauver les humains, quels qu’ils soient et ou qu’ils soient. 

28 - Pierre se mit à dire à Jésus : « Voici que nous avons tout quitté pour te suivre. »

Ce point de vue déconcerte encore plus les disciples. La réaction de Pierre en est une preuve flagrante. L’Apôtre, une fois de plus, au nom des douze, s’inquiète de savoir si l'engagement total qu’ils ont prix à la suite de Jésus à quelques prix a ses yeux. Question louable pleine de crainte et de sollicitude en vers le Maître. Les disciples présents ont tous quitté, pour suivre, famille, biens, etc., sans se poser de question. Pour eux, d’emblée, Jésus était le Messie. 

Evangile selon Saint Marc

29 - Jésus déclara : « Amen, je vous le dis : nul n’aura quitté, à cause de moi et de l’Évangile, une maison, des frères, des sœurs, une mère, un père, des enfants ou une terre

Cette grande générosité de la part des disciples serait-elle vaine ? Si les riches avec toutes leurs richesses ne peuvent entrer dans le royaume de Dieu, qui le peut ? Ceux qui ont renoncé aux biens les plus légitimes, ont-ils quelque chance d’y pénétrer ? La réponse de Jésus vis a vis de ses amis est empreinte d’une grande générosité. Il y a bien une récompense certaine, et non la moindre. 

30 - sans qu’il reçoive, en ce temps déjà, le centuple : maisons, frères, sœurs, mères, enfants et terres, avec des persécutions, et, dans le monde à venir, la vie éternelle.

Pour tous ceux qui se sont attachés à Lui, en s’arrachant à des êtres chers et à des biens précieux, la récompense aura bien lieu, voire même déjà acquis. Le Maître use encore d’une hyperbole, de style oriental, bien populaire en ce temps. Ceux qui, ainsi l’auront suivi recevront au centuple plus encore de ce qu’ils ont quitté et laissé.  

31 - Beaucoup de premiers seront derniers, et les derniers seront les premiers. 

Ce passage s’achève par une parabole d’allure proverbiale. Les mots du Maître cinglent une fois de plus comme un avertissement envers le peuple élu. Jésus fait allusion au renversement de situation qui s’opérera par la suite. Les juifs n’ont pas répondu à l’appel du Messie. Le peuple élu a perdu le bénéfice de l’élection divine. Ce sont les païens, derniers arrivés à entendre l’appel à la conversion du Maître, qui prendront leurs places en entrant massivement dans l’Église que Jésus est en train de construire pour l’offrir à Dieu son Père.  

32 - Les disciples étaient en route pour monter à Jérusalem ; Jésus marchait devant eux ; ils étaient saisis de frayeur, et ceux qui suivaient étaient aussi dans la crainte. Prenant de nouveau les Douze auprès de lui, il se mit à leur dire ce qui allait lui arriver :

Jésus est en marche avec ses disciples vers Jérusalem, le cœur du peuple élu. On sait que le Messie approche maintenant des événements essentiels de sa destinée. Il a traversé la Galilée du Nord au sud, et depuis un moment déjà il s’efforce de former ses disciples à ce qui l’attend. C’est maintenant la troisième et dernière fois que Jésus annonce à ses disciples sa passion, sa mort et sa résurrection. 

33 - « Voici que nous montons à Jérusalem. Le Fils de l’homme sera livré aux grands prêtres et aux scribes ; ils le condamneront à mort, ils le livreront aux nations païennes

A présent, alors que la marche de Jésus est très avancée, l’atmosphère devient plus dramatique. L’effroi qui gagne et envahit les disciples se répand aussi sur ceux qui se sont mis à la suite du Maître. Il y avait toujours une certaine quantité de gens, qui bien que n’étaient pas des disciples en vue de devenir les Apôtres à proprement parler, suivaient Jésus quand ils le pouvaient dans ses déplacements ou parfois uniquement en partit. Mais Jésus ne donne des explications précises qu’aux douze, et cette ultime annonce est de fait, plus précise que les deux premières, puisque la responsabilité des autorités juives est nettement soulignée, telle qu’elle ressortira au moment du procès de Jésus.

34 - qui se moqueront de lui, cracheront sur lui, le flagelleront et le tueront, et trois jours après, il ressuscitera. »

Jésus donne des précisions sur son sort qui pour ses disciples, est un scandale intolérable. Seul l’horizon d’une résurrection donne une note d’espoir, mais qui ne sera compris qu’une fois la résurrection véritablement accomplit. 

35 - Alors, Jacques et Jean, les fils de Zébédée, s’approchent de Jésus et lui disent : « Maître, ce que nous allons te demander, nous voudrions que tu le fasses pour nous. »

Marc nous montre dans ce qui va suivre, l’incompréhension des disciples après l’annonce de la passion du Maître, ce qui entraine de la part de jésus un enseignement sur la façon dont ils devront se comporter par la suite pour être fidèle à leur Maître. Il est clair que la passion expliquée du Maître n’a pas retenu leur attention et non pas manifesté non plus une capacité d’accueil, la preuve en est que deux d’entre eux, inconsciemment vont délibérément provoquer Jésus. 

36 - Il leur dit : « Que voulez-vous que je fasse pour vous ? »

Calmement, bien que Jésus sache déjà le sujet de leur demande, sollicite qu’ils s’expliquent sur leurs intentions. 

37 - Ils lui répondirent : « Donne-nous de siéger, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire. »

La demande de Jacques et de jean, eux qui ont suivi Jésus dès la première heure, qui ont tous quittés pour le suivre ne manque pourtant pas d’audace. Ils voudraient s’assurer une situation d’avenir car leur ambition ne se borne pas simplement à une place d’honneur à côté du Roi -Messie, mais un réel pouvoir de gouvernement. Rêve insensé s’il en est! L’ironie du sort fera que ce sont deux larrons qui siégeront a sa droite et à sa gauche sur la croix.

38 - Jésus leur dit : « Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire, être baptisé du baptême dans lequel je vais être plongé ? »

Immédiatement, Jésus reproche et dénonce la vaine prétention de ses deux disciples qui malgré tout sont les plus proches de lui. Il remet en face de ce qui va se passer et ce qu’il doit subir. Sont-ils bien certains de partager avec le Maître le destin sanglant qui l’attend ? Il dénonce ce fait avec des images fortes, persuasives ! La coupe, dans la bible est symbole de souffrance à subir ! (Boire la coupe jusqu’à la lie) Jésus lui-même dans son agonie fera cette supplique à Dieu son Père, « Eloigne de moi cette coupe ! » 

Evangile selon Saint Marc

39 - Ils lui dirent : « Nous le pouvons. » Jésus leur dit : « La coupe que je vais boire, vous la boirez ; et vous serez baptisés du baptême dans lequel je vais être plongé.

Jacques et Jean l’en assurent sans complexe. Ils le font assurément sans connaître ni réaliser ce qui les attend.
L’image du baptême semble à priori étrangère à la souffrance, mais il n’en est rien. Dans sa passion, Jésus va connaître l’immersion d’un vrai baptême baigné et submergé par les flots de sa mort ! Jésus leur confirme alors qu’ils auront bien un sort semblable au sien ( de fait Jacques connaitra le martyr vers l’an 44, et de son côté Jean bien qu’il soit mort naturellement, est passé par bien des épreuves).

40 - Quant à siéger à ma droite ou à ma gauche, ce n’est pas à moi de l’accorder ; il y a ceux pour qui cela est préparé. »

De toute façon, Jésus récuse le pouvoir qu’on lui prête de procurer à ses disciples préférés de bonnes places dans sa gloire. Il est humainement conscient que ce pouvoir ne lui est pas échu. Il use donc de cette formule passive, pour désigner Dieu comme auteur de ce droit, car il est clair que le Messie ne dispose pas de droits qui ressortissent du seul pouvoir Divin.

41 - Les dix autres, qui avaient entendu, se mirent à s’indigner contre Jacques et Jean.

En fonction de la course aux honneurs que font les disciples, l’indignation qui en résulte n’est pas forcément exemplaire. L’outrancière audace de Jacques et Jean attise leur secrète jalousie. Ce qui prouve bien, que les Apôtres n’étaient pas au départ des surhommes, mais qu’ils étaient bien pétris d’une glaise conforme à la réalité terrestre de l’orgueil de la jalousie, de la vanité et j’en passe. C’est dans ce tissu que Jésus a choisi ses disciples, parmi les plus commun des mortels. 

42 - Jésus les appela et leur dit : « Vous le savez : ceux que l’on regarde comme chefs des nations les commandent en maîtres ; les grands leur font sentir leur pouvoir.

Quoi qu’il en soit, Jésus profite de ce fait et provoque une réunion des douze pour leur administrer une leçon radicale et magistrale. Le Maître fait prendre conscience à ses disciples, futurs responsables des premières communautés chrétiennes qu’ils fonderont, de la façon dont l’Empire Romain et les sociétés civiles conçoivent l’autorité. C’est toujours une domination de type totalitaire, et ces mœurs de régimes païens sont aux antipodes de ce que Jésus entrevoie pour le gouvernement de son Eglise. 

43 - Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur.

Jésus accentue le caractère original de sa conception du pouvoir dans la pédagogie de son Eglise. Les mots ‘’esclave’’ et ‘’serviteur’’ qui dénoncent ceux qui se trouvaient à la dernière place dans les rangs de la société, deviennent un exemple à suivre qui incite de façon cognitive les douze à plus de réalisme et d’abnégation, eux qui rêvaient de domination et de supériorité.  

44 - Celui qui veut être parmi vous le premier sera l’esclave de tous 

Chimère a renoncé et accepté surtout la condition la plus humble, celle de serviteur, pire encore d’esclave qui consiste à être, tout comme lui le sera en toute humilité, l’élu de Dieu au service du royaume, cloué sur une croix. 

45 - car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. »

Jésus ainsi justifie sa position en se donnant pour modèle en sa propre personne. Servir et non être servi. Jusqu’au don de sa vie. Il dévoile ainsi le sens dernier de son existence et de sa mission. Loin de se faire autoritaire comme il aurait pu le faire pour rassembler le peuple de Dieu son Père qu’il est venu racheter, il s’est présenté comme l’humble serviteur de tous, et ira jusqu’à donner sa vie pour que s’accomplisse ce salut, don de son existence offert à la multitude, c’est à dire à toute l’humanité sans aucune exception.  

46 - Jésus et ses disciples arrivent à Jéricho. Et tandis que Jésus sortait de Jéricho avec ses disciples et une foule nombreuse, le fils de Timée, Bartimée, un aveugle qui mendiait, était assis au bord du chemin.

Surprise et de taille. Pour une fois Marc nous donnent des détails sur la scène qui va suivre et avec des précisions étonnantes. (Conad on vient de Transjordanie ou Jésus et ses disciples étaient allés, Jéricho est la localité par laquelle en entre en territoire israélite. C’est surtout la marche décisive pour Jésus pour se rendre à Jérusalem, suivi de ses amis et d’autres personnes qui depuis un certain temps n’arrêtent pas de le suivre.) Une rencontre marginale mais capitale caractérisée par un des nombreux aveugles de la Palestine de ce temps, réduit bien entendu à la mendicité au vu de son état. Bartimée, nom araméen, fils de Timée nous explique Marc.

Evangile selon Saint Marc

47 - Quand il entendit que c’était Jésus de Nazareth, il se mit à crier : « Fils de David, Jésus, prends pitié de moi ! »

Mais Bartimée figé dans la solitude de sa cécité n’en est pas moins un homme en recherche, et avec une spontanéité étonnante, il interpelle le Maître qui passe justement par-là! Quelle aubaine pour lui! Ayant eu ultérieurement connaissance des exploits de Jésus, il s’empresse avec une incroyable confiance de l’interpeller dans un cri déchirant de détresse. Paradoxalement c’est lui l’aveugle qui voit en Jésus de Nazareth, le fils de David! Appellation traditionnelle du Messi attendu dans la foi du peuple élut. Bartimée en ce sens fait un acte foi remarquable et insoupçonné. 

48 - Beaucoup de gens le rabrouaient pour le faire taire, mais il criait de plus belle : « Fils de David, prends pitié de moi ! »

La foule qui accompagne Jésus, Apôtres y compris, vis-à-vis de ce pauvre réagit comme à son habitude, écartant les exclues, rejet qui caractérise bien la mentalité de la société de l’époque. Un mendiant qui ose importuner le Maître ? Quelle audace ! Quelle prétention ! Quelle arrogance ! Intolérable pour les gens dits normaux. Malgré cette vive hostilité à son égard, Bartimée ne désarme pas. La foule tente vainement d’étouffer son cri de détresse, mais lui cri encore plus fort. En premier il l’appelle clairement « fils de David » comme pour dire je reconnais en toi le Messie attendu, et prends pitié de moi, comme étant celui que Dieu envoie pour guérir et sauver son peuple

49 - Jésus s’arrête et dit : « Appelez-le. » On appelle donc l’aveugle, et on lui dit : « Confiance, lève-toi ; il t’appelle. »

Cette prière répétée, insistante, pleine de foi touche le Maître qui ne si trompe pas. Jésus manifeste encore sa volonté de se laisser atteindre par les plus marginaux que la société semble ostensiblement de rejeter. Son appel fait faire à la foule une volte-face inattendue. Elle invite étrangement l’aveugle à rejoindre le Maître. Va-t-il se passer quelque chose d’inattendu ? « Lève-toi,» exprime sortir de la mort où l’aveugle était condamné par sa cécité, c’est en fait une sorte de résurrection imminente pour Bartimée. L’appel donne une connotation particulière dans ce contexte. 

50 - L’aveugle jeta son manteau, bondit et courut vers Jésus.

L’effet de cet appel ne se fait pas attendre. Bartimée, dans un bond de joie, jette son manteau,et va vers jésus. Rejetant son manteau il quitte sa condition d’exclu, l’habit en effet dans la tradition biblique symbolise la personnalité de celui qui le porte. Son manteau est donc l’unique bien qu’il possède! Bartimée dans son espérance, emportée par sa foi en « le fils de David » accepte de tout quitter pour suivre l’appel du Maître! Cet élan magnifique, irrésistible, celui que la marginalité retenait captive, enjambe le fossé qui le séparait de tous. Le bon qu’il fait dans sa nuit, démontre ostensiblement un pur acte de foi. 

51 - Prenant la parole, Jésus lui dit : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » L’aveugle lui dit : « Rabbouni, que je retrouve la vue ! »

Une fois en présence de Jésus, intimement Jésus demande ce qu’il veut qu’il fasse pour lui! La question semble surérogatoire, quant à l’évidence des besoins de ce malheureux.Mais Jésus respect toujours la liberté humaine de ceux qui l’approchent. Rabbouni, (bon Maître) vénération de familiarité qui exprime un besoin plus profond.

52 - Et Jésus lui dit : « Va, ta foi t’a sauvé. » Aussitôt l’homme retrouva la vue, et il suivait Jésus sur le chemin.

Marc souligne ici, avec véhémence, une parole qui aura toute sa portée dans le temps. Cette parole s’inscrit avec une profondeur insoupçonnée envers l’aveugle de naissance, et surtout viv à vis de l’assistance qui voie et écoute. « VA» Cet envoi délivre l’homme de ce qui le retenait captif et qui le paralysait. De surcroit, Jésus ostensiblement qualifie de « FOI » tout ce qui a mû Bartimée depuis ses cris répétés jusqu’à son élancement vers le Maître, sans crainte alors qu’il était encore non-voyant! « Ta sauvé » signifie ici que le don accordé par Jésus au croyant par l’exemple de Bartimée, va au deal de la simple guérison physique de l’être humain en soi, mais qu’il représente de salut tout entier de l’humanité. 

Evangile selon Saint Marc

Pour nous contacter

Venir, nous appeler ou nous écrire ..
Armand Scasso
Diacre permanent
Portable
06 8686 1995

Adresse
 06160 Juan les Pins  / France