Evangiles
Synoptiques

Evangiles selon Saint Marc, Saint Matthieu,
Saint Luc et en complément Saint Jean


Ce site est destiné à l’étude des évangiles et a leur meilleure compréhension.
Les trois premiers dits synoptiques, attribués à St Marc, St Matthieu et St Luc...
et aussi l’évangile selon St jean, qui complète les écrits apostoliques avec une étude sur l’Esprit Saint 

Saint Marc

Communément accepté par les Pères de l'Église, découvrir ou redécouvrir le premier Evangile écrit par St Marc, d’après son écoute pendant la prédication de St Pierre à la communauté ecclésiale naissante de Rome.

Saint Matthieu

Ce colleteur d’impôts à Capharnaüm est celui qui met le plus en valeur par ses écrits la continuité entre l’Ancienne et la Nouvelle Alliance, afin de démontrer que Jésus est le Messie annoncé par les prophètes, attendu par Israël.  

Saint Luc

Sous la plume de ce médecin lettré, compagnon de ST Paul, la Bonne Nouvelle annoncée chante un véritable cantique de grâce et d’amour, avec joie et optimisme, nous rapportant les détails de la Sainte Famille, depuis l’Annonciation, la naissance et l’enfance de Jésus.

Saint Jean

Intime du Christ, ses écrits sont un éblouissant témoignage de la vie du Messie, de sa transfiguration, des miracles accomplis, de l’agonie, de la mort de Jésus en croix, de sa mise au tombeau et de sa résurrection au matin de Pâques.

L'Esprit Saints

Qu'est ce que l'Esprit Saint ? Comment l'expliquer ?
Comment se manifeste t-il ?
Essayons ensemble d'y voir plus clair.

Jésus

Spontanément, lorsque vous pensez à Jésus ou quand vous parlez de Lui, comment l’appelez-vous ?
Jésus, Christ, Seigneur, Dieu, …ou autrement !

Évangile de Jésus, le Christ de Dieu
selon Saint-Marc 

Chapitre 6
1- Sorti de là, Jésus se rendit dans son lieu d’origine, et ses disciples le suivirent.
2- Le jour du sabbat, il se mit à enseigner dans la synagogue. De nombreux auditeurs, frappés d’étonnement, disaient : « D’où cela lui vient-il ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et ces grands miracles qui se réalisent par ses mains ?
3- N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? Ses sœurs ne sont-elles pas ici chez nous ? » Et ils étaient profondément choqués à son sujet.
4- Jésus leur disait : « Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa parenté et sa maison. »
5- Et là il ne pouvait accomplir aucun miracle ; il guérit seulement quelques malades en leur imposant les mains.
6- Et il s’étonna de leur manque de foi. Jésus parcourait les villages d’alentour en enseignant.
7- Il appela les Douze ; alors il commença à les envoyer en mission deux par deux. Il leur donnait autorité sur les esprits impurs,
8- et il leur prescrivit de ne rien prendre pour la route, mais seulement un bâton ; pas de pain, pas de sac, pas de pièces de monnaie dans leur ceinture.
9- « Mettez des sandales, ne prenez pas de tunique de rechange. »
10- Il leur disait encore : « Quand vous avez trouvé l’hospitalité dans une maison, restez-y jusqu’à votre départ.
11- Si, dans une localité, on refuse de vous accueillir et de vous écouter, partez et secouez la poussière de vos pieds : ce sera pour eux un témoignage. »
12- Ils partirent, et proclamèrent qu’il fallait se convertir.
13- Ils expulsaient beaucoup de démons, faisaient des onctions d’huile à de nombreux malades, et les guérissaient.
14- Le roi Hérode apprit cela ; en effet, le nom de Jésus devenait célèbre. On disait : « C’est Jean, celui qui baptisait : il est ressuscité d’entre les morts, et voilà pourquoi des miracles se réalisent par lui. »
15- Certains disaient : « C’est le prophète Élie. » D’autres disaient encore : « C’est un prophète comme ceux de jadis. »
16- Hérode entendait ces propos et disait : « Celui que j’ai fait décapiter, Jean, le voilà ressuscité ! »
17- Car c’était lui, Hérode, qui avait donné l’ordre d’arrêter Jean et de l’enchaîner dans la prison, à cause d’Hérodiade, la femme de son frère Philippe, que lui-même avait pris pour épouse.
18- En effet, Jean lui disait : « Tu n’as pas le droit de prendre la femme de ton frère. »
19- Hérodiade en voulait donc à Jean, et elle cherchait à le faire mourir. Mais elle n’y arrivait pas
20- parce que Hérode avait peur de Jean : il savait que c’était un homme juste et saint, et il le protégeait ; quand il l’avait entendu, il était très embarrassé ; cependant il l’écoutait avec plaisir.
21- Or, une occasion favorable se présenta quand, le jour de son anniversaire, Hérode fit un dîner pour ses dignitaires, pour les chefs de l’armée et pour les notables de la Galilée.
22- La fille d’Hérodiade fit son entrée et dansa. Elle plut à Hérode et à ses convives. Le roi dit à la jeune fille : « Demande-moi ce que tu veux, et je te le donnerai. »
23- Et il lui fit ce serment : « Tout ce que tu me demanderas, je te le donnerai, même si c’est la moitié de mon royaume. »
24- Elle sortit alors pour dire à sa mère : « Qu’est-ce que je vais demander ? » Hérodiade répondit : « La tête de Jean, celui qui baptise. »
25- Aussitôt la jeune fille s’empressa de retourner auprès du roi, et lui fit cette demande : « Je veux que, tout de suite, tu me donnes sur un plat la tête de Jean le Baptiste. »
26- Le roi fut vivement contrarié ; mais à cause du serment et des convives, il ne voulut pas lui opposer un refus.
27- Aussitôt il envoya un garde avec l’ordre d’apporter la tête de Jean. Le garde s’en alla décapiter Jean dans la prison.
28-  Il apporta la tête sur un plat, la donna à la jeune fille, et la jeune fille la donna à sa mère.
29- Ayant appris cela, les disciples de Jean vinrent prendre son corps et le déposèrent dans un tombeau.
30- Les Apôtres se réunirent auprès de Jésus, et lui annoncèrent tout ce qu’ils avaient fait et enseigné.
31- Il leur dit : « Venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu. » De fait, ceux qui arrivaient et ceux qui partaient étaient. nombreux, et l’on n’avait même pas le temps de manger
32- Alors, ils partirent en barque pour un endroit désert, à l’écart.
33- Les gens les virent s’éloigner, et beaucoup comprirent leur intention. Alors, à pied, de toutes les villes, ils coururent là-bas et arrivèrent avant eux.
34- En débarquant, Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de compassion envers eux, par ce qu'ils étaient comme des brebis sans berger. Alors, il se mit à les enseigner longuement.
35- Déjà l’heure était avancée ; s’étant approchée de lui, ses disciples disaient : « L’endroit est désert et déjà l’heure est tardive.
36- Renvoie-les : qu’ils aillent dans les campagnes et les villages des environs s’acheter de quoi manger. »
37- Il leur répondit : « Donnez-leur vous-mêmes à manger. » Ils répliquent : « Irons-nous dépenser le salaire de deux cents journées pour acheter des pains et leur donner à manger ? »
38- Jésus leur demande : « Combien de pains avez-vous ? Allez voir. » S’étant informés, ils lui disent : « Cinq pains, et deux poissons. »
39- Il leur ordonna de les faire tous asseoir par groupes sur l’herbe verte.
40- Ils se disposèrent par carrés de cent et de cinquante.
41- Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction et rompit les pains ; il les donnait aux disciples pour qu’ils les distribuent à la foule. Il partagea aussi les deux poissons entre eux tous.
42- Ils mangèrent tous et ils furent rassasiés.
43- Et l’on ramassa les morceaux de pain qui restaient, de quoi remplir douze paniers, ainsi que les restes des poissons.
44- Ceux qui avaient mangé les pains étaient au nombre de cinq mille hommes.
45- Aussitôt après, Jésus obligea ses disciples à monter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive, vers Bethsaïde, pendant que lui-même renvoyait la foule.
46- Quand il les eut congédiés, il s’en alla sur la montagne pour prier.
47- Le soir venu, la barque était au milieu de la mer et lui, tout seul, à terre.
48- Voyant qu’ils peinaient à ramer, car le vent leur était contraire, il vient à eux vers la fin de la nuit en marchant sur la mer, et il voulait les dépasser.
49- En le voyant marcher sur la mer, les disciples pensèrent que c’était un fantôme et ils se mirent à pousser des cris.
50- Tous, en effet, l’avaient vu et ils étaient bouleversés. Mais aussitôt Jésus parla avec eux et leur dit : « Confiance ! c’est moi ; n’ayez pas peur ! »
51- Il monta ensuite avec eux dans la barque et le vent tomba ; et en eux-mêmes ils étaient au comble de la stupeur,
52- car ils n’avaient rien compris au sujet des pains : leur cœur était endurci.
53- Après la traversée, abordant à Génésareth, ils accostèrent.
54- Ils sortirent de la barque, et aussitôt les gens reconnurent Jésus :
55- ils parcoururent toute la région, et se mirent à apporter les malades sur des brancards là où l’on apprenait que Jésus se trouvait.
56- Et dans tous les endroits où il se rendait, dans les villages, les villes ou les campagnes, on déposait les infirmes sur les places. Ils le suppliaient de leur laisser toucher ne serait-ce que la frange de son manteau. Et tous ceux qui la touchèrent étaient sauvés.

Evangile selon Saint Marc

1 - Sorti de là, Jésus se rendit dans son lieu d’origine, et ses disciples le suivirent.

Jésus revient donc dans son village d’origine, Nazareth, le berceau de son enfance et de sa jeunesse. Là se trouve sa famille, ses amis, son voisinage, bref dira ton, sont chez lui. Cela faisait un moment qu’il en était parti.

2 - Le jour du sabbat, il se mit à enseigner dans la synagogue. De nombreux auditeurs, frappés d’étonnement, disaient : « D’où cela lui vient-il ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et ces grands miracles qui se réalisent par ses mains ?

En bon juif, Jésus ne change rien à ses habitudes, et le jour du Sabbat, il se rend à la synagogue pour y porter sa parole. Jusque-là tout le monde lui fait bon accueil, ses compatriotes lui sont favorables. Mais rapidement les questions fusent de toutes parts. L’enfant du pays pose question! D’où lui vient la sagesse de son enseignement? D’où lui vient la possibilité de réussir d’extraordinaires miracles? C’est l'hébétude totale! La complète incompréhension. 

3 - N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? Ses sœurs ne sont-elles pas ici chez nous ? » Et ils étaient profondément choqués à son sujet.

Son passé, ses origines sont dans toutes les mémoires des personnes présentes dans l’assemblée. IL est trop bien connu pour échapper à l’image familière que l’on s’est faîte de lui. Le charpentier, cette indication indiquait à l’époque un métier qui s’étendait au deal du travail du bois, il désignait plutôt un constructeur de maisonnées courantes en ces temps-là. On cite aussi, et ce pour la première fois le nom de sa mère, Marie, mais on omet de nommer le père ! (Cela semble plutôt étrange dans un récit qui stipule les liens familiaux, d’autant plus qu’à cette époque, on citer de préférence le nom du père à qui était affilié la personne dont on parle !) Quant à la désignation des frères et des sœurs de Jésus, nous savons déjà que dans les peuplades sémitiques, on pouvait inclure de nombreux parents dans la famille immédiate, comme oncles, tantes, cousins, cousines, autant de diminutifs inexistants et inconnus du monde juif de surcroît. Il n’en reste pas moins que les gens de Nazareth sont profondément choqués, incrédules.

[Notons au passage que Marc a tenu à souligner dans ce verset, le questionnement des gens de Nazareth, qui connaissaient très bien Jésus, sa famille, sa parenté! D’où leur questionnement et leurs interrogations? Qui est-il vraiment ? Devant cette incompréhension totale, Marc souligne ici comment ses anciens compagnons d’existence réduisent le portrait du Maître à celui d’un simple villageois qu’il fut avant son départ et d’entreprendre sa mission.] 

4 - Jésus leur disait : « Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa parenté et sa maison. »

A ce point de la rencontre trop tendue, Jésus cite un dicton très ancien, proverbe aujourd’hui bien connu et encore très étendue. Cette vérité de toujours, qui spécifie que quiconque est en avance sur son temps et sur son entourage, connaît le mépris! Dure réalité existentielle. 

5 - Et là il ne pouvait accomplir aucun miracle ; il guérit seulement quelques malades en leur imposant les mains.

Et là, mauvais accueil de Jésus, leur incrédulité envers sa personne produit une conséquence compréhensible pour nous aujourd’hui, par leur manque de foi, il ne peut exercer pleinement son pouvoir de guérison. Seule la foi déplace les montagnes, et ici ce ne fut pas le cas. 

6 - Et il s’étonna de leur manque de foi. Jésus parcourait les villages d’alentour en enseignant.

Bien, que Jésus fit quelques guérisons, il s’étonna des sentiments et l’incrédulité que ses compatriotes lui témoignèrent, quitta son village pour poursuivre sa mission dans les villages environnants. 

7 - Il appela les Douze ; alors il commença à les envoyer en mission deux par deux. Il leur donnait autorité sur les esprits impurs,

Marc ici, à partir de ce verset, nous décrit le manuel du parfait missionnaire, toujours dans l’esprit des nouveaux croyants de Rome dont il a la charge. Ainsi fait-il allusion à l'envoi en mission des douze Apôtres Pour se faire il se refaire à une loi de Moïse qui prescrivait qu’il soit nécessaire qu’il y ai au moins deux personnes pour authentifier une déposition. De surcroît les missionnaires doivent toujours œuvrer deux par deux. (Pratique toujours en cours de nos jours) Mais Jésus ne se contente pas de les envoyer deux par deux, il leur donne aussi autorité sur les esprits impurs. Ce qui semble en effet être dès cet instant démontré aux disciples ce que sera leur future tache lorsque le Maître ne sera plus là. 

8 - et il leur prescrivit de ne rien prendre pour la route, mais seulement un bâton ; pas de pain, pas de sac, pas de pièces de monnaie dans leur ceinture.

Jésus donne maintenant des consignes strictes a ses disciples. Cela peut surprendre, notamment de nos jours! Mais Jésus fait comprendre ainsi, que les disciples ne devront pas s’incruster en un seul endroit, mais être des itinérants. Il met et insiste sur l’accent de pauvreté dont devront faire par ses envoyés. Ils devront impérativement faire avec les moyens q’'ils rencontreront en chemin. (Nous en sommes bien loin aujourd’hui dans notre église) 

9 - « Mettez des sandales, ne prenez pas de tunique de rechange. »

Comme à l’époque on était souvent nu pied, pour les longs voyages, Jésus préconise aux siens de se chausser de sandales. Sage précaution lorsque l’on connaît les chemins pierreux de la terre sainte. Par contre le plus singulier est de ne pas avoir de sac de voyage, afin de ne rien y mettre dedans. Pas même une tunique de rechange? Etrange tout de même! Ne fut-ce que pour la propreté ou l’hygiène. 

Evangile selon Saint Marc

10 - Il leur disait encore : « Quand vous avez trouvé l’hospitalité dans une maison, restez-y jusqu’à votre départ.

Nous comprenons maintenant dans ce verset, ce que Jésus insinue. C’est dans la façon dont ils seront accueillis que seront aussi nourris, logés, entretenus dans leurs vêtements,comme le voulait la tradition de l’époque.L’accueil d’un pèlerin, d’un visiteur, d’un porteur de message, etc., était pris totalement en charge par la famille réceptionnaire de l’individu en question. Tels étaient les usages de ce temps-là! Mais Jésus met aussi l’accent sur le fait, qu’une fois accueillit dans un foyer de ne pas partir dans un autre qui éventuellement serait plus confortable quand bien même en les en prit. Il leurs faudra savoir se contenter de ce que l’ont leurs offrira, quel que soit la situation des accueillants. Les disciples qui porteront un message gratuit jouiront d’un accueil désintéressé dans la maison de leurs hôtes. 

11 - Si, dans une localité, on refuse de vous accueillir et de vous écouter, partez et secouez la poussière de vos pieds : ce sera pour eux un témoignage. »

Jésus en bon juif, qui connaît les us et coutumes de son temps, qui selon un antique usage oriental spécifié qu’il fallait secouer la poussière incrustée dans les sandales, en quittant un lieu hostile. La parole de la Bonne Nouvelle ne doit pas être imposée, mais seulement proposée à la liberté des gens! Ainsi, en cas de refus dans une ville ou village, on passera outre en respectant cet usage. Conventionnellement Jésus reste dans la pratique usuelle. On ne pourra rien lui reproché. 

12 - Ils partirent, et proclamèrent qu’il fallait se convertir.

Les douze, envoyés deux par deux, prennent donc la route pour une période indéterminée, en suivant scrupuleusement les indications que le Maître leur avait suggérées, et vont sur les routes annoncer que le règne de Dieu est déjà là, qui appelle à la conversion. (Ce thème de conversion se trouvait déjà chez Jean le Baptiste)

13 - Ils expulsaient beaucoup de démons, faisaient des onctions d’huile à de nombreux malades, et les guérissaient.

Ainsi, tout comme Jésus, ils authentifiaient leur dire en offrant de signes de sa crédibilité, signes faits sous le critère de l’unique action du Maître, même si celui -ci tait restait loin de ses missionnaires, démontrant que son action salvatrice se propageait en tout lieu ou la parole annoncée était reçu.L’usage de l’onction d’huile, très répandu dans l’usage sémitique, sur les malades notamment, atteste d’une pratique fort ancienne, car la pénétration de l’huile dans le corps humain a toujours était bénéfique. (L’Eglise dès sa naissance reconnaîtra en ce rite le germe d’un sacrement que l’on appelle « sacrement des malades, » pour les guérisons aussi bien corporelle que spirituelle.)

14 - Le roi Hérode apprit cela ; en effet, le nom de Jésus devenait célèbre. On disait : « C’est Jean, celui qui baptisait : il est ressuscité d’entre les morts, et voilà pourquoi des miracles se réalisent par lui. »

Marc maintenant nous renseigne sur l’opinion générale que s’en faisaient les gens qui avaient entendu la renommée de Jésus,en raison de son enseignement, et surtout de ses miracles. Jésus que de nombreux adeptes appelaient maintenant le « Maître », s'était fait un nom, et sa renommée se répandit jusque dans le palais du roi Hérode Antipas, roi de Galilée à cette époque.

[Nous allons voir que les avis sur le Maître seront très partagés. Sa personnalité a beaucoup marqué l’opinion et les esprits de son temps.Il faut savoir que la mentalité juive a cette époque était assez ouverte sur le fait de la ‘’résurrection’’, couramment conçu comme un simple retour à la vie terrestre. Elle donnait au ressuscité, des capacités supérieures comme la puissance de pouvoir faire des miracles, jusqu’à ressusciter les morts.] 

15 - Certains disaient : « C’est le prophète Élie. » D’autres disaient encore : « C’est un prophète comme ceux de jadis. »

Un courant plus fort semble-t-il,parmi les érudits,voyait Jésus comme le retour du prophète Élie, appelé par les anciens le chef des prophètes. L’héroïque combat de cet homme de Dieu, grand prophète parmi tous les prophètes, au neuvième siècle avant le Christ, était très célèbre. ( Le livre des Rois, relaté sa disparition de façon merveilleuse, enlevé au ciel dans un char de feu voir : 2 R 2,1-11.) Ce saint personnage ne pouvait qu’être vivant auprès de Dieu, et la tradition juive attendait qu’il revienne avant la fin des temps pour exhorter les pécheurs à la conversion voir : M 3,23-24 Par son message et son action Jésus pouvait donc être Elie réincarné !

[D’autres prenaient Jésus pour un prophète renouant avec ceux de jadis.Il faut savoir que depuis la persécution juive au deuxième siècle avant le Christ, le sentiment général prévalait que le prophétisme était mort ! Il n’ya avait plus de porte-parole de Dieu. L’attente donc s’était faîte ardente, afin de voir enfin ce vide comblée par l’apparition d’un prophète supérieur, semblable à Moïse, et qui aurait comme lui l’écoute du peuple. (Dt 18,15)]

16 - Hérode entendait ces propos et disait : « Celui que j’ai fait décapiter, Jean, le voilà ressuscité ! »
Toutes les rumeurs allaient donc bon train, et Marc spécifie que même le roi Hérode, se fit l’hypothèse que Jésus était Jean le 

Toutes les rumeurs allaient donc bon train, et Marc spécifie que même le roi Hérode, se fit l’hypothèse que Jésus était Jean le Baptiste qu’il avait fait décapiter dans sa cellule et qu’il était ressuscité! Le souverain était depuis poursuivi par le cauchemar insoutenable de cet homme injustement assassiné sur son ordre.

[Toutes les opinions ici avancées, sur Jésus ont le mérite de manifester l’effervescence religieuse qui régnait dans le monde juif au 1er siècle. Toutes cependant ont quelque chose en commun, c’est qu’elles tiennent Jésus pour un grand prophète, et orientent les esprits vers une intervention décisive de Dieu, pour sauver les humains]

17 - Car c’était lui, Hérode, qui avait donné l’ordre d’arrêter Jean et de l’enchaîner dans la prison, à cause d’Hérodiade, la femme de son frère Philippe, que lui-même avait pris pour épouse.

Hérode Antipas, l’un des fils d’Hérode le Grand, règne à cette époque sur la Galilée. Philippe, était son demi-frère. Hérodiade était initialement la femme de Philippe, mais avait jeté son dévolue sur Hérode Antipas, mieux nanti que Philippe. (Tout comme à présent, à cette époque, changée de mari comme de chemise était chose courante.) 

18 - En effet, Jean lui disait : « Tu n’as pas le droit de prendre la femme de ton frère. »

Hérode avait donc fait mettre en prison Jean le Baptiste qui lui reproché selon la loi juive de prendre pour épouse une femme qui s'était offerte sans vergogne à son beau-frère, qui de surcroît n’avait même pas été répudié par Philippe. Jean agissait en représentant de la loi juive car, bien qu’Hérode ne fût pas juif de naissance, mais agissant sur ordre de Rome en tant que roi, était malgré tout tenu de respecter les lois et les traditions de ce peuple. 

Evangile selon Saint Marc

19 - Hérodiade en voulait donc à Jean, et elle cherchait à le faire mourir. Mais elle n’y arrivait pas

Jean s'était attiré la haine notoire d’Hérodiade, car avec une audace incroyable il reprochait au roi son adultère notoire et reprochait vivement à Hérodiade d’être une femme perverse et infidèle. Son désir de le faire mourir était grand attisé par la haine qu’elle lui voué. 

20 - parce que Hérode avait peur de Jean : il savait que c’était un homme juste et saint, et il le protégeait ; quand il l’avait entendu, il était très embarrassé ; cependant il l’écoutait avec plaisir.

Hérodiade de fait, se heurte à l’admiration qu’Hérode prote à Jean. Son admiration craintive envers un homme qui était considéré par le peuple comme prophète, qui parlait avec assurance du royaume de Dieu, fustiger les coupables et encourager les plus faibles, avec une éloquence hors du commun. 

21 - Or, une occasion favorable se présenta quand, le jour de son anniversaire, Hérode fit un dîner pour ses dignitaires, pour les chefs de l’armée et pour les notables de la Galilée.

La situation risquant de s’éterniser, ressemblant à une impasse, va se clarifier de façon inattendue. Les opportunités de faire festins étaient coutumières à l’époque, d’autant plus lorsqu’il s’agissait de l’invitation du roi à qui aucun notable et autres dignitaires n’auraient eu courage de refuser au risque d’être durement châtié par divers moyens que le roi tenait à sa disposition. 

22 - La fille d’Hérodiade fit son entrée et dansa. Elle plut à Hérode et à ses convives. Le roi dit à la jeune fille : « Demande-moi ce que tu veux, et je te le donnerai. »

Par l’historien, Flavius Josèphe de l’époque nous savons que la fille d’Hérodiade se prénommait Salomé. IL faut voir dans ce verset la perversité du roi Hérode, qui bien qu’ayant ravi la femme de son demi-frère, convoitait à présent sa propre nièce. Il ne fallut pas moins à Hérode d’une danse du ventre et de trois tours de hanches, pour que tombe son dévolu aux yeux de tous ses convives. 

23 - Et il lui fit ce serment : « Tout ce que tu me demanderas, je te le donnerai, même si c’est la moitié de mon royaume. »

La nature démesurée de ce serment fait à Salomé, correspond bien à la coutume des souverains orientaux, qui sur le moment faisaient des promesses mirobolantes sans jamais les exaucés. (Rien de changé aujourd’hui encore sous le soleil). 

24 - Elle sortit alors pour dire à sa mère : « Qu’est-ce que je vais demander ? » Hérodiade répondit : « La tête de Jean, celui qui baptise. »

Marc nous édifie ici sur la complicité qui régnait entre mère et fille, qui d’une façon ou d’une autre se jouait du monarque lui faisant faire tous leurs caprices et même les plus démesurées. Les jeux sont faits, par l’intermédiaire de sa fille et la promesse extravagante du monarque, elle va pouvoir se venger d Jean le Baptiste. 

25 - Aussitôt la jeune fille s’empressa de retourner auprès du roi, et lui fit cette demande : « Je veux que, tout de suite, tu me donnes sur un plat la tête de Jean le Baptiste. »

Hérodiade au travers de sa fille, va mettre sa vengeance à exécution. Salomé s’empresse de mettre le plan de sa mère à exécution et exige immédiatement la tête du Baptiste. Les dés sont jetés.

26 - Le roi fut vivement contrarié ; mais à cause du serment et des convives, il ne voulut pas lui opposer un refus.

L'exigence inattendue de Salomé plonge le roi en pleine tragédie. Pris au piège de son serment démesuré, profondément déchiré entre sa folle promesse faîte devant un public de choix auquel il était impossible de se rétracter, et sa considération privée envers le prophète. 

27 - Aussitôt il envoya un garde avec l’ordre d’apporter la tête de Jean. Le garde s’en alla décapiter Jean dans la prison.

Il était impossible à Hérode de se rétracter, il aurait perdu la face devant la cour présente, et son influence voire même son autorité risquait d’être mise à partir par ces mêmes dignitaires, tous plus ou moins de race juive. N’oublions pas que c’était un roi fantoche, mis en place d’autorité par Rome. L’ordre macabre fut donné. Le garde exécuta l’ordre royale. 

28 - Il apporta la tête sur un plat, la donna à la jeune fille, et la jeune fille la donna à sa mère.

La décapitation du Baptiste, sa tête encore sanguinolente offerte sur un plat comme une offrande, signe de façon macabre ce crime odieux. Salomé se charge de le montrer à sa mère, qui très probablement s’en réjouis pleinement. Elle avait enfin obtenu ce qu’elle a attendait et désiré depuis si longtemps.

[Mais les maîtres érudits virent en ce déroulement la manifestation divine s’accomplir et une façon détournée de manifester aux disciples du Maître,ce qui devait lui advenir par la suite.]

Evangile selon Saint Marc

29 - Ayant appris cela, les disciples de Jean vinrent prendre son corps et le déposèrent dans un tombeau.

La nouvelle se répandit aussitôt, et les disciples du Baptiste encore nombreux, virent réclamer son corps pour l’ensevelir dignement selon le rite hébraïque. Colère, consternation, peine, douleur, tout peut s’imaginer de la part des amis de Jean dans ce moment funeste de grande solitude.

[Mais les maîtres érudits virent en ce déroulement la manifestation qui s’opérerait ensuite pour Jésus. L’arrestation, la prison, la mise à mort, la récupération par les disciples et la mise au tombeau. En somme un préliminaire à ce qui devait advenir par la suite au Messie, lui-même reconnu de beaucoup comme prophète.]

30 - Les Apôtres se réunirent auprès de Jésus, et lui annoncèrent tout ce qu’ils avaient fait et enseigné.

C’est pour rendre compte de leur mission que les disciples rejoignent le Maître. C’est l’heure du premier bilan missionnaire. Jésus les avait ainsi préparés à leur future devoir envers le Père et envers Lui. C’est la seule fois dans l’évangile de Marc, ou les disciples de Jésus sont appelés Apôtres. (ce qui veut dire en hébreux ‘’Envoyés’’) 

31 - Il leur dit : « Venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu. » De fait, ceux qui arrivaient et ceux qui partaient étaient. nombreux, et l’on n’avait même pas le temps de manger

Jésus invite donc ses amis à prendre un peu de recul vis-à-vis du monde, pour un repos bien mérité. La foule qui maintenant est au faîte des miracles de Jésus, celui qu’ils appellent ‘’le nouveau rabbi’’ (ce qui signifie ‘’Enseignant’’) ne le lâche plus et le harcelle même de jour comme de nuit. Tout le monde veut voir, connaître, entendre, voir le toucher même si possible. 

32 - Alors, ils partirent en barque pour un endroit désert, à l’écart.

Le contraste est grand entre le retrait temporaire de Jésus et ses disciples pour une mise en repos nécessaire à tout ce qui se donne pour le royaume, exemple que les disciples devront suivre par la suite afin de ne pas être submergé et rester confiants dans la ligne de leur mission. 

33 - Les gens les virent s’éloigner, et beaucoup comprirent leur intention. Alors, à pied, de toutes les villes, ils coururent là-bas et arrivèrent avant eux.

Le lac, refuge idéal pour le groupe de Jésus, car cela restreint la possibilité à la foule de les suivrent aussi sur l’eau. Il aurait fallu des centaines d’embarcations. Mais cela ne décourage pas les assidus qui bon gré, mal gré, vont tout faire pour ne pas laisser le groupe des disciples ainsi que le Maître leur échappé. Tous les moyens sont bons pour y parvenir. (Marc ne spécifie ni le lieu du rassemblement, ni la position géographique) 

34 - En débarquant, Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de compassion envers eux, par ce qu'ils étaient comme des brebis sans berger. Alors, il se mit à les enseigner longuement.

En mettant pied à terre, Jésus se trouve face à une foule considérable. IL ne peut ni ne veut la fuir, bien au contraire il est plein de sollicitude à leur égard. Cette compassion du Maître est comparée à celle d’un berger pour ses brebis. Dans ce monde ancien, l’image est forte. Il vient prendre soin de façon particulière de son peuple, comme le fait un berger pour son troupeau. Il se met avant tout à les enseigner. Nous verrons que Jésus fait toujours cette distinction entre le fait de nourrir par les aliments et nourrir par la parole qui vient toujours en premier.

35 - Déjà l’heure était avancée ; s’étant approchée de lui, ses disciples disaient : « L’endroit est désert et déjà l’heure est tardive.

Toujours selon son style, Marc reste très évasif sur le lieu (qui semble désert) et une heure tardive (de quelle heure s’agit-il ?) Dans ce qui va advenir dans les versets suivants, dont les annotations sont furtives et pleines de réminiscences bibliques, nous invite à une relecture du peuple hébreu. Les versets précédents ne nous mettaient absolument pas dans cette position indéfinie. Là il faut y voir encore que pour l’évangéliste, c’est ce qui va advenir le plus important, le reste n’est que superflus. (Il semble que par cette démonstration, Marc évoque les conditions difficiles dans lesquelles le peuple d’Israël s’est trouvé jadis au désert pendant l’exode, suite à la sortie d’Égypte, tenaillé par la faim. EX: 16,3.)

36 - Renvoie-les : qu’ils aillent dans les campagnes et les villages des environs s’acheter de quoi manger. »

Les disciples semblent avoir pris la mesure du temps et s’en réfèrent au Maître. Ils sont conscients de leur devoir d’assistance,mais dans l’incapacité d’agir d’une façon objective. Comment nourrir tous ces gens? Pour la foule qui est venue à Jésus, la situation est difficile aussi, loin des villages et des fermes. Il semble que tous se trouvent dans une impasse dont il n'y aurait pas moyen d’en sortir! 

37 - Il leur répondit : « Donnez-leur vous-mêmes à manger. » Ils répliquent : « Irons-nous dépenser le salaire de deux cents journées pour acheter des pains et leur donner à manger ? »

Mais Jésus ne se laisse pas décontenancer. Il ne l’entend pas ainsi. IL va profiter de cette alternative pour démontrer aux disciples ce qu’ils auront par la suite à réaliser en son nom. Pour l’instant il donne des indications un peu surprenantes. Il invite ses disciples à devenir restaurateurs! Cet appel direct a leur devoir d’assistance laisse les disciples incrédules. On comprend aisément leur stupéfaction et aussi la réprobation qui en découle. Ils opposent à Jésus, une raison économique ! 

38 - Jésus leur demande : « Combien de pains avez-vous ? Allez voir. » S’étant informés, ils lui disent : « Cinq pains, et deux poissons. »

Sans se laisser impressionner, Jésus les renvoie à la prospection de leurs avoirs immédiatement disponibles. Le compte est vivement fait! Pas de quoi fouetter un chat, les provisions sont bien pauvres et même pour eux personnellement cela semble bien trop peu. (Le prophète Élisée auparavant, dans une situation similaire, neuf siècles avant le Christ, accompli sur l’ordre du Seigneur un miracle d’abondance. 2R4,42-44.)

[Les maîtres érudits qui de tout temps ont finement exploiter tous les tenants et les antécédant de la bible, ont vu en ce geste mémorable et prophétique l’inspiration qui en a découlé pour toute la tradition évangélique des instantanés qui relate la multiplications des pains ! A tort ou à raison ? Cela reste du domaine de la foi.] 

Evangile selon Saint Marc

39 - Il leur ordonna de les faire tous asseoir par groupes sur l’herbe verte.

C’est dans la veine de cet exploit antique que Jésus invite ses disciples à la préparation du banquet messianique.Comme de si rien n’était, il invite ses disciples à faire asseoir la foule sur l’herbe verte spécifie Marc! Curieux détails pour une région qui semblait être plutôt désertique! Mais il semble y avoir une forte résonance biblique ( Jésus semble se comporter comme le Bon Berger du psaume 23, 2-5 ou Dieu lui-même conduit son peuple au repos « sur des prés d’herbes vertes ») La similitude est frappante.

40 - Ils se disposèrent par carrés de cent et de cinquante.

La foule se scinde et s’organise, se dispose selon l’organisation ancienne qui évoque une fois de plus comment les fils d’Israël se conduisaient au désert sous les ordres de Moïse. La tradition l’emportant sur la modernité, formant ainsi dans la continuité le peuple élue de l’Alliance . 

41 - Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction et rompit les pains ; il les donnait aux disciples pour qu’ils les distribuent à la foule. Il partagea aussi les deux poissons entre eux tous.

Marc dans ce verset nous invite à contempler les gestes du Maître qui revêtent une allure foncièrement liturgique. Jésus opère les quatre gestes qu’il fera à l’instant solennel de l’institution de l’eucharistie. Prendre le pain, prononcer la bénédiction, le rompre et le donner aux disciples. Ici pour ne faire la distribution. On voit nettement se détacher, en filigrane, le rite eucharistique. La bénédiction prononcée, les yeux levés au ciel, prière de louange et d’action de grâces, par laquelle au cours des repas que prennent les juifs, ils remercient Dieu de tous les bienfaits qu’il leur accorde mais en premier la délivrance. 

42 - Ils mangèrent tous et ils furent rassasiés.

La fin de ce récit, est lui aussi imprégné de fines allusions bibliques. Que faut-il y voir dans l’explication qui nous en est donnée? Ils mangèrent et furent tous rassasiés. C’est déjà les prémices de la surabondance! C’est aussi la pinte du récit emprunté au cycle du prophète Élisée :« on mangera et l’on aura des restes ».2R 4,43b. 

43 - Et l’on ramassa les morceaux de pain qui restaient, de quoi remplir douze paniers, ainsi que les restes des poissons.

Dans ce verset Marc met l’action sur la générosité sans bornes du Seigneur qui comble son peuple au-delà de leurs besoins, et laisse entrevoir en fonction des corbeilles restantes, en plus du nombre symbolique des douze tribus d’Israël, qu’un autre peuple aussi nombreux voire même plus, peut être encore rassasié avec les surplus du repas qui préfigure le « Repas Messianique pour tous ». Le don de Dieu notre Père est pour ses enfants sans limites. 

44 - Ceux qui avaient mangé les pains étaient au nombre de cinq mille hommes.

L’épisode se clôt par une annotation anecdotique en vue du nombre des personnes nourries et rassasiés. Nombre hautement significatif. Cela suggère plus ou moins que la foule n’est pas une foule disparate mais un peuple obéissant et organisée.
[Les lignes fortes de ce récit nous montre que le Messie, Jésus, est le vrai berger annoncé depuis tous les temps par les prophètes, et qu’il vient rassembler à nouveau le peuple de Dieu, avec les annonces préfigurées d’une assimilation des autres peuples à celui d’Israël. Par sa parole et par la nourriture prodiguée il est capable de nourrir et rassasier toutes les faims humaines. Les disciples de façon objective sont associés et invités pleinement à la mission du Messie. Ils auront pour charge futur de répondre aux besoins des humains, avec des moyens pauvres, et pourront rassembler et nourrir ce nouveau peuple que Dieu se prépare, dans l’attente du festin céleste de la fin des temps sans calcul de frontières.]

45 - Aussitôt après, Jésus obligea ses disciples à monter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive, vers Bethsaïde, pendant que lui-même renvoyait la foule.

Comme à son habitude, Marc passe d’une action à une autre. Il nous pré »pare a un prodige encore plus grand. Surprenant que Jésus, soudain agisse de cette façon, brusque, voir même frustrante pour la foule qui était avide de tous ce que le Rabbi était en mesure de leur donné. Il rompt délibérément avec les Galiléens qui étaient jusque-là présent avec lui, et oblige ses disciples à s’embarquer s’en lui, vers Bethsaïde, de l’autre côté du lac, là où avait eu lieu l’histoire avec les porcs.

[Bethsaïde est située à l’Est du Jourdain, et sert de frontière entre Israël et le territoire païen. Vu l’épisode précédent des porcs, on peut comprendre la réticence des disciples à gagner cette zone païenne si inhospitalière. Jésus dans l’accomplissement parfait de sa mission, qu’il se doit aussi d’annoncer aux autres peuples, pour faire comprendre à ses disciples l’étendue de leur mission à venir, les force à l’obéIssance. Les disciples bien malgré eux, se doivent d’obéir et s’embarque laissant Jésus là, seul. Cela semble pour le moins étrange que le >Maître ne les suive pas !] 

46 - Quand il les eut congédiés, il s’en alla sur la montagne pour prier.

Une fois seul, Il lui est alors offert le temps de s’éloigner sur la montagne et de se mettre en relation directe avec le Père dans la prière. (Nombre de fois nous verront cette scène de Jésus priant seul le Père! La relation a Dieu passe directement par la prière solitaire, ce que l’on appelle le cœur à cœur avec Dieu! Jésus le soulignera par la suite.) Mais cette prise de distance du Maître par rapport à la foule et même de ses disciples, pour son rapprochement avec Dieu son Père, laisse entrevoir un événement décisif. 

Evangile selon Saint Marc

47 - Le soir venu, la barque était au milieu de la mer et lui, tout seul, à terre.

Les disciples embarqués se trouvent donc, le soir venu, isolés, seuls et en pleine mer. Jésus étant absent, la barque se trouve sans timonier avéré, bien que la plupart étaient des pécheurs aguerris, habitués à pêcher en mer, mais jamais si loin du rivage. Marc spécifie que la nuit tombe et ce détail, tout comme le reste du récit, n’est pas anecdotique ! Il laisse présager une rude aventure pour ces hommes livrés à eux-mêmes, dans un élément qui leur est hostile, car par excellence elle recèle les forces du mal en son sein, ce qui double la peur obsessive des disciples.  

48 - Voyant qu’ils peinaient à ramer, car le vent leur était contraire, il vient à eux vers la fin de la nuit en marchant sur la mer, et il voulait les dépasser.

Ainsi dans la suite de ce mélodrame qui se présente à nous, Marc nous convie à une autre version de la tempête apaisée, que nous avons déjà étudié dans le chapitre 4 aux versets 35 à 41, et cette fois il décrit l’intervention préventive et magistrale de Jésus, au moment où tout fait craindre le naufrage inexécutable de ces malheureux.

[Beaucoup de choses essentielles sont dites en ce court verset. Alors que les disciples défaillants, mis à mal par la tempête déchaînée, sont résignés à la noyade, Jésus, de façon mystérieuse vient à eux. Ses pas foulent les flots sans aucun effort. Il va même faire semblant de dépasser ses amis au comble de la stupeur. Il se présente en vainqueur, plus puissant que toutes les forces du mal réunis en les foulants au pied. Pour les hébreux, cette possibilité et un pouvoir réservé à Dieu seul, capable de dompter toutes les forces existantes dans l’univers et sur terre, notamment les forces du mal qui représente en soit le mort inéluctable.]  

49 - En le voyant marcher sur la mer, les disciples pensèrent que c’était un fantôme et ils se mirent à pousser des cris.

Stupeur et incompréhension des disciples, plus apeurés que soulagés, angoissés au possible, déstabilisés entre la tempête et la vision qu’ils ont de Jésus, pensent immédiatement aux forces du mal qui se présentent à eux sous la forme d’un fantôme. La peur est à son comble. Cris et hurlements fusent de toutes parts. 

50 - Tous, en effet, l’avaient vu et ils étaient bouleversés. Mais aussitôt Jésus parla avec eux et leur dit : « Confiance ! c’est moi ; n’ayez pas peur ! »

La réaction des disciples est significative. Elle rejoint les troubles et le doute dont ils seront assaillis lors de l’apparition de Jésus Ressuscité. Il feront là aussi allusion à un fantôme. La vue du Maître marchant sur les flots, les remplis de stupeur et d’effroi. Jésus intervient donc, et commence à chasser la peur de ses amis. Il se faire reconnaître d’eux pas son identité plénière. C’est comme s’il disait « Je Suis » seule différenciation accordé à Dieu seul. ( Se faisant reconnaître ainsi à MoÏse sur le mont Horeb. (Tu diras à mon peuple « Je suis » m’a envoyé !)

[De notre temps, un pape maintenant décédé, Jean Paul II dira souvent lors de ces déplacements aux foules qui venaient l’écouter, ces parles énigmatiques du Sauveur « N’ayez pas peur » comme pour dire, le Christ est là, présent, qui vous soutient et vous aides dans les épreuves et dans la vie courante en fonction de votre démarche spirituelle vers le royaume. Faite lui confiance, allez de l’avant, annoncer à temps et contre temps que le royaume de Dieu est arrivé.] 

51 - Il monta ensuite avec eux dans la barque et le vent tomba ; et en eux-mêmes ils étaient au comble de la stupeur,

Jésus intervient et agit avec une grande simplicité, sans cette fois ordonnée quoique ce soit à la mer qui se calme d’elle-même. C’est la reconnaissance incontestable que les forces du mal n’ont pas d’emprises sur lui, dominées par Dieu lui-même. La stupeur et la stupéfaction des disciples et alors à son comble. La crainte et les tremblements qui les saisissent sont le fait de tout être humain qui se trouve soudainement en présence de Dieu lui-même. Cette réaction est fortement compréhensible! N'en n 'aurions-nous pas fait autrement ? 

52 - car ils n’avaient rien compris au sujet des pains : leur cœur était endurci.

Marc termine ici son récit par une réflexion qui lui est cher,sur un thème de l’incompréhension. Les disciples du Maître ont encor un long chemin à faire avant de se rendre compte, quand faîte, la présence de Jésus à leurs côtés n’est autre que la présence de Dieu lui-même accompagnant son peuple dans son périple terrestre. Combien encore de nos jours, n’ont-ils pas le cœur endurci !

[Marc tient à souligner un thème qui lui est cher dans cet épisode, l’incompréhension!autant dire que la signification de la mission et de personnalité de Jésus leur échappe totalement, voir complétement.dans cette section de la tempête qui fait suite à la multiplication des pains,Jésus veut tourner le regard de ses disciples vers les mondes païens qu’ils devront convertir, pour leur apporter le salut et oser affronter toutes les difficultés qu’ils rencontreront sans peur ni crainte, car le Maître sera toujours à leurs côtés] 

53 - Après la traversée, abordant à Génésareth, ils accostèrent.

Voilà un retournement de situation imprévu. La barque que Jésus a rejoints dans la tourmente devait accoster à Bethsaïde en terre étrangère, à l’Est du Jourdain, et la voilà parvenue à une autre destination, Génésareth! Comment ? Pourquoi ? Marc ne le spécifie pas. Génésareth se trouve sur le rive Ouest de Capharnaüm, donc en terre Israélite. L’ensemble des occupants, sans plus de formalité descendent de la barque et se préparent à pérégriner. 

54 - Ils sortirent de la barque, et aussitôt les gens reconnurent Jésus :

Aussitôt le Maître est victime de sa célébrité. Jésus n’a pas encore rompu avec les Galiléens. Nous retrouvons là un sommaire sur les guérisons de Jésus au bord du lac, comme nous l’avons déjà vu au chapitre 1 versets 32 à 34 et au chapitre 3 versets 7 à 12

55 - ils parcoururent toute la région, et se mirent à apporter les malades sur des brancards là où l’on apprenait que Jésus se trouvait.

L’empressement des foules à la recherche d’in bienfait du Jésus est fortement souligné par Marc et cela se comprend aisément. Qui n’en ferait pas autrement. Jésus et ses disciples parcours donc la région et bien sûr les malheureux exclus de la société s’empressent de venir vers lui et de retrouver après leurs possibles guérisons une situation vis-à-vis de leurs contemporains différents que celles qu’ils avaient jusqu’alors. Ils seraient réintégrés dans la société courante. C’est le ministère itinérant de Jésus qui explique la multitude des déplacements et la généralisation des foules en attente de son passage.

[Marc soulève à propos, l’aspiration des malades à toucher le guérisseur,voir seulement son vêtement,C’est un mode de guérison pratiqué dans l’antiquité. On rejoint sa présence en tous lieux. Au cœur des villes, des villages, des routes, des champs où il passe, tout est sujet à caution. Rappelons que dans le monde sémitique le vêtement est symbole à proprement parler de la personnalité de celui qui le porte. Donc toucher une toute petite partie même de son vêtement, c’est atteindre sa personne. Ce détail démontre que Jésus rayonne au travers de lui-même de cette puissance divine qui sauve.]

56 - Et dans tous les endroits où il se rendait, dans les villages, les villes ou les campagnes, on déposait les infirmes sur les places. Ils le suppliaient de leur laisser toucher ne serait-ce que la frange de son manteau. Et tous ceux qui la touchèrent étaient sauvés.

Et tous ceux qui la touchèrent étaient sauvés.
Ainsi, tous les bienfaits accordés par le Messie, est un salut qui dépasse la simple guérison physique, car symboliquement, croyant ou non, la démarche entreprise pour rencontrer Jésus et en soit une démarche de foi même si incomprise ou non formuler véritablement. Le Maître de la vie en se laissant approcher et toucher par les malades, les infirmes, tous ces pauvres par excellence, exerce et rempli bien son rôle de bon berger qui accueille et recueille les brebis sans pasteurs, pour les amener paître dans les vers pâturage du royaume de son Père.

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