Evangiles
Synoptiques

Evangiles selon Saint Marc, Saint Matthieu,
Saint Luc et en complément Saint Jean


Ce site est destiné à l’étude des évangiles et a leur meilleure compréhension.
Les trois premiers dits synoptiques, attribués à St Marc, St Matthieu et St Luc...
et aussi l’évangile selon St jean, qui complète les écrits apostoliques avec une étude sur l’Esprit Saint 

Saint Marc

Communément accepté par les Pères de l'Église, découvrir ou redécouvrir le premier Evangile écrit par St Marc, d’après son écoute pendant la prédication de St Pierre à la communauté ecclésiale naissante de Rome.

Saint Matthieu

Ce colleteur d’impôts à Capharnaüm est celui qui met le plus en valeur par ses écrits la continuité entre l’Ancienne et la Nouvelle Alliance, afin de démontrer que Jésus est le Messie annoncé par les prophètes, attendu par Israël.  

Saint Luc

Sous la plume de ce médecin lettré, compagnon de ST Paul, la Bonne Nouvelle annoncée chante un véritable cantique de grâce et d’amour, avec joie et optimisme, nous rapportant les détails de la Sainte Famille, depuis l’Annonciation, la naissance et l’enfance de Jésus.

Saint Jean

Intime du Christ, ses écrits sont un éblouissant témoignage de la vie du Messie, de sa transfiguration, des miracles accomplis, de l’agonie, de la mort de Jésus en croix, de sa mise au tombeau et de sa résurrection au matin de Pâques.

L'Esprit Saints

Qu'est ce que l'Esprit Saint ? Comment l'expliquer ?
Comment se manifeste t-il ?
Essayons ensemble d'y voir plus clair.

Jésus

Spontanément, lorsque vous pensez à Jésus ou quand vous parlez de Lui, comment l’appelez-vous ?
Jésus, Christ, Seigneur, Dieu, …ou autrement !

Évangile de Jésus, le Christ de Dieu
selon Saint-Marc 

Chapitre 8
1- En ces jours-là, comme il y avait de nouveau une grande foule, et que les gens n’avaient rien à manger, Jésus appelle à lui ses disciples et leur dit :
2- « J’ai de la compassion pour cette foule, car depuis trois jours déjà ils restent auprès de moi, et n’ont rien à manger.
3- Si je les renvoie chez eux à jeun, ils vont défaillir en chemin, et certains d’entre eux sont venus de loin. »
4- Ses disciples lui répondirent : « Où donc pourra-t-on trouver du pain pour les rassasier ici, dans le désert ? »
5- Il leur demanda : « Combien de pains avez-vous ? » Ils lui dirent : « Sept. »
6- Alors il ordonna à la foule de s’asseoir par terre. Puis, prenant les sept pains et rendant grâce, il les rompit, et il les donnait à ses disciples pour que ceux-ci les distribuent ; et ils les distribuèrent à la foule.
7- Ils avaient aussi quelques petits poissons, que Jésus bénit et fit aussi distribuer
8- Les gens mangèrent et furent rassasiés. On ramassa les morceaux qui restaient : cela faisait sept corbeilles.
9- Or, ils étaient environ quatre mille. Puis Jésus les renvoya.
10- Aussitôt, montant dans la barque avec ses disciples, il alla dans la région de Dalmanoutha.
11- Les pharisiens survinrent et se mirent à discuter avec Jésus ; pour le mettre à l’épreuve, ils cherchaient à obtenir de lui un signe venant du ciel.
12- Jésus soupira au plus profond de lui-même et dit : « Pourquoi cette génération cherche-t-elle un signe ? Amen, je vous le déclare : aucun signe ne sera donné à cette génération. »
13- Puis il les quitta, remonta en barque, et il partit vers l’autre rive.
14- Les disciples avaient oublié d’emporter des pains ; ils n’avaient qu’un seul pain avec eux dans la barque.
15- Or Jésus leur faisait cette recommandation : « Attention ! Prenez garde au levain des pharisiens et au levain d’Hérode ! »
16- Mais ils discutaient entre eux sur ce manque de pains.
17- Jésus s’en rend compte et leur dit : « Pourquoi discutez-vous sur ce manque de pains ? Vous ne saisissez pas ? Vous ne comprenez pas encore ? Vous avez le cœur endurci ?
18- Vous avez des yeux et vous ne voyez pas, vous avez des oreilles et vous n’entendez pas ! Vous ne vous rappelez pas ?
19- Quand j’ai rompu les cinq pains pour cinq mille personnes, combien avez-vous ramassé de paniers pleins de morceaux ? » Ils lui répondirent : « Douze. »
20- Et quand j’en ai rompu sept pour quatre mille, combien avez-vous rempli de corbeilles en ramassant les morceaux ? » Ils lui répondirent : « Sept. »
21- Il leur disait : « Vous ne comprenez pas encore ? »
22- Jésus et ses disciples arrivent à Bethsaïde. Des gens lui amènent un aveugle et le supplient de le toucher.
23- Jésus prit l’aveugle par la main et le conduisit hors du village. Il lui mit de la salive sur les yeux et lui imposa les mains. Il lui demandait : « Aperçois-tu quelque chose ? »
24- Levant les yeux, l’homme disait : « J’aperçois les gens : ils ressemblent à des arbres que je vois marcher. »
25- Puis Jésus, de nouveau, imposa les mains sur les yeux de l’homme ; celui-ci se mit à voir normalement, il se trouva guéri, et il distinguait tout avec netteté.
26- Jésus le renvoya dans sa maison en disant : « Ne rentre même pas dans le village. »
27- Jésus s’en alla, ainsi que ses disciples, vers les villages situés aux environs de Césarée-de-Philippe. Chemin faisant, il interrogeait ses disciples : « Au dire des gens, qui suis-je ? »
28- Ils lui répondirent : « Jean le Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres, un des prophètes. »
29- Et lui les interrogeait : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Pierre, prenant la parole, lui dit : « Tu es le Christ. »
30- Alors, il leur défendit vivement de parler de lui à personne.
31- Il commença à leur enseigner qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, trois jours après, il ressuscite
32- Jésus disait cette parole ouvertement. Pierre, le prenant à part, se mit à lui faire de vifs reproches.
33- Mais Jésus se retourna et, voyant ses disciples, il interpella vivement Pierre : « Passe derrière moi, Satan ! Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. »
34- Appelant la foule avec ses disciples, il leur dit : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive.
35- Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile la sauvera.
36- Quel avantage, en effet, un homme a-t-il à gagner le monde entier si c’est au prix de sa vie ?
37- Que pourrait-il donner en échange de sa vie ?
38- Celui qui a honte de moi et de mes paroles dans cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l’homme aussi aura honte de lui, quand il viendra dans la gloire de son Père avec les saints anges. »

Evangile selon Saint Marc

1 - En ces jours-là, comme il y avait de nouveau une grande foule, et que les gens n’avaient rien à manger, Jésus appelle à lui ses disciples et leur dit :

On retrouve à présent, une seconde multiplication des pains, avec une structure identique à la première multiplication des pains. Comme à son habitude, Marc ne prend pas la peine de souligner le lieu où se passe ladite cène. Ceci importe peu à l’auteur de cette narration, ce qui compte avant tout est le miracle qui va être encore une fois accompli. Il faut tenir compte d’un détail qui à toute son importance. Ce n’est pas les disciples qui attirent l’attention du Maître, c’est le Maître lui-même qui s’en inquiète. La différence est grande. 

[En faisant attention à la narration et aux détails on découvre dans ces versets, une signification profonde de la mission messianique de Jésus. D’abord, rappelons-nous que depuis le chapitre dernier, Jésus avec ses disciples se trouve en mission hors du territoire d’Israël, en plein pays païen. A la femme de la ville de Tyr, qui l’en suppliait, Jésus concède les miettes du festin réservé normalement et exclusivement aux peuples hébreux ! Au malheureux sourd bégue de la décapole, il le guérit de son handicap ! Il manifeste ainsi que son salut, en tant que Messie envoyé du Père, s’ouvre à tous sans exception. Tous les païens du monde sont de ce fait invité à prendre placent au festin de l’agneau. C’est à cette multitude en attente (quels que soient le pays et l’origine), qu’il propose un banquet comparable à celui dont ont bénéficié les juifs en terre d’Israël. 

2 - « J’ai de la compassion pour cette foule, car depuis trois jours déjà ils restent auprès de moi, et n’ont rien à manger.

Les détails bien soulignés par Marc sont à prendre en considération de façon particulière. C’est bien Jésus qui a compassion de la foule présente, et qui souligne le détail du temps qu’elle à passer en sa compagnie et non les disciples comme la première fois. Trois jours sans boire ni manger ? (Cela est peu probable, il faut comprendre qu’après plusieurs jours de présence active, les provisions viennent à manquer). Mais là, Marc souligne le fait que Jésus se rend compte qu’ils n’ont plus rien à manger.  

3 - Si je les renvoie chez eux à jeun, ils vont défaillir en chemin, et certains d’entre eux sont venus de loin. »

Jésus prend donc l’initiative de les soutenir après ces trois jours passés auprès de lui surtout que certains sont venus de très loin. (Les mages lors de la nativité sont aussi venus du bout du monde pour adorer le Roi des rois). 

4 - Ses disciples lui répondirent : « Où donc pourra-t-on trouver du pain pour les rassasier ici, dans le désert ? »

Tout à partir de là remémore les thèmes déjà évoqués lors de la première multiplication des pains. Jésus se présente à ces disciples comme le bon pasteur qui est soucieux de nourrir ceux qui lui accordent leur foi. Les disciples sont donc inaptes à répondre au souhait de leur Maître, pour nourrir le troupeau présent à rassasier et de surcroît, soulignent-ils, dans le désert ! (En tout lieu, même en Europe, là où la faim persiste, il y a désert. Nous en avons un exemple flagrant chaque année en France, avec repas distribués aux plus démunis.) 

5 - Il leur demanda : « Combien de pains avez-vous ? » Ils lui dirent : « Sept. »

Jésus commence par s’enquérir des ressources à dispositions ! Après vérification scrupuleuse les disciples énumèrent le triste rapport des victuailles présentent. Sept pains ! Pas de quoi aller bien loin. Cela normalement devait à peine suffire aux disciples et au Maître.

6 - Alors il ordonna à la foule de s’asseoir par terre. Puis, prenant les sept pains et rendant grâce, il les rompit, et il les donnait à ses disciples pour que ceux-ci les distribuent ; et ils les distribuèrent à la foule.

C’est encore Jésus qui fait prendre à la multitude présente et disparate, l’attitude d’un peuple rassemblée et bien organiser. Il les invite à s’asseoir, position du repos, prélude à une restauration. (Ce qui est le plus étonnant dans les deux cas de la multiplication des pains, c’est que la foule obéit sans contestation). On reconnaît les gestes symboliques déjà effectués initialement dans la première multiplication des pains, qui seront repris par Jésus au moment du geste eucharistique avec le repas des apôtres avant son arrestation, la veuille de sa passion. Notons aussi qu’il rompit les pains, avant de les donner aux disciples afin qu’ils puissent les distribuer. Marc, souligne le fait et non des moins importants, qu’une fois de plus, ce sont les disciples qui vont effectuer la distribution, allusion à donner l’Eucharistie. Comme auparavant, ce détail a toute son importance et toute sa gravité. 

7 - Ils avaient aussi quelques petits poissons, que Jésus bénit et fit aussi distribuer.

Ouf, on a failli oublier les petits poissons. Mais non, Marc ne s'est pas laissé prendre au jeu de l’oubli. Comment donc, les poissons, qui deviendront par la suite le signe de reconnaissance de chrétiens. Combien y en a -t-il ? Peu importe, ce qui compte c’est qu’il y a de quoi accompagner le repas et remplace la viande pour les gens pauvres. Même scène, même attitude, même conclusion. La boucle est bouclée

8 - Les gens mangèrent et furent rassasiés. On ramassa les morceaux qui restaient : cela faisait sept corbeilles.

La pointe de ce récit porte une fois de plus sur le rassasiement complet de la multitude et sa surabondance. Ce sont les nombres utilisés qui vont donner à l’histoire (bien que déjà connue ultérieurement) toute sa nouveauté. De même que dans la première multiplication des pains les douze corbeilles restantes renvoyés au peuple d’Israël repartie en douze tribus, ici les chiffe sept, employé deux fois, renvoie aux futur païen d’origine grec, qui faisaient gouverner leur citées par sept sages. N’oublions pas que Marc écrit ce récit qui sera ensuite rapporté dans toutes les églises qui auront été créées par les Apôtres et surtout celles que Paul de Tarse (St Paul) par la suite créera dans tout le territoire de langue Grec. 

9 - Or, ils étaient environ quatre mille. Puis Jésus les renvoya.

Cette ouverture universaliste est confirmée par l’emploi du chiffre « quatre » quatre mille, évocation discrète, selon les érudits contemporains aux quatre coins cardinaux. C’est de là qu’ils viendront tous à la foi, et là que Jésus les renvois une fois instruit du royaume et rassasiée de grâce abondante. 

Evangile selon Saint Marc

10 - Aussitôt, montant dans la barque avec ses disciples, il alla dans la région de Dalmanoutha.

Jésus ne s’attarde pas après l’action précédente où il multiplia les pains une seconde fois. Sa mission l’appelle toujours plus loin, ailleurs, au-delà des lieux déjà fréquentés et des actions merveilleuses qui réalisent pour le bien de son peuple. Il se déplace avec ses disciples en un autre lieu, (Dalmanoutha ne fut jamais ni situé, ni localiser précisément! Doit par une erreur d’écriture ou de prononciation, soit par ce lieu n’est que fictif pour permettre à Marc de narrer une autre rencontre entre Jésus et les Pharisiens.) Très probablement il revient sur la rive Ouest du lac de Tibériade en terre d’Israël. 

11 - Les pharisiens survinrent et se mirent à discuter avec Jésus ; pour le mettre à l’épreuve, ils cherchaient à obtenir de lui un signe venant du ciel.

Marc raconte ici une rencontre fortuite entre Jésus et les Pharisiens qui ne se lassent pas de chercher à confondre Jésus. Marc, nous montre ainsi que chaque fois que Jésus rencontre les pharisiens, naît entre eux un antagonisme profond. Les pharisiens têtus, n’en démordent pas de tendre des pièges à Jésus afin de le confondre et prouver ainsi qu’il est un grand mystificateur. Ils voudraient lui voir faire des signes venant de Dieu, qui prouveraient sans équivoque le caractère divin de ses actions et donc de sa personne. Incrédulité ou simple provocation ?

12 - Jésus soupira au plus profond de lui-même et dit : « Pourquoi cette génération cherche-t-elle un signe ? Amen, je vous le déclare : aucun signe ne sera donné à cette génération. »

Jésus se refuse de satisfaire leurs demandes. De tous ses miracles divers et variés qu’il a pu donner jusque-là, il a toujours fait une grande attention à ne pas leur donner une publicité malsaine, Il sait, et il craint aussi, que tous ces miracles déjà opérés, risquent de bloquer les esprits sur leurs matérialités, au lieu d’être signe qui se veut d’attirer les cœurs vers un don d'essentielle spiritualité. Aussi Jésus se fâche ! Son écœurement n’e fut jamais plus manifeste qu’en se profond soupir. Question et réponse en dorme d’accusation rejoignent la plainte constante de Dieu à l’égard de son peuple, génération infidèle qui met toujours Dieu à l’épreuve par le doute et l’incroyance (comme au désert). 

[Le Messie prend donc acte de leur incrédulité manifeste de ces guides patentés qui normalement doivent intelligemment conseillers le peuple dans la vie courante afin d’être en osmose avec Dieu. La distance entre le réel et la réalité profonde des écritures qu’ils professent et aussi grande que la distance qu’il y a entre le ciel et la terre ! Aussi Jésus ne fera aucun signe en leur présence ni donner suite à leur requête. Il met ainsi un point d’orgue aux demandes et aux prétentions orgueilleuses de ses égoïstes qui sous prétexte de faire preuve de soumission veulent à tout prix disqualifier Jésus aux yeux du peuple. Leurs différents échecs à ce sujet, mettront dans leurs cœurs la haine profonde qu’ils manifesteront clairement par la suite.] 

13 - Puis il les quitta, remonta en barque, et il partit vers l’autre rive.

Sur les exigences outrancières, Jésus laisse là les pharisiens et avec ses disciples prend la route vers un autre lieu, sa mission itinérante prime avant tout, et il ne doit en aucun cas se laisser accaparer par un grande marquer d’une si grande hostilité envers Lui. 

14 - Les disciples avaient oublié d’emporter des pains ; ils n’avaient qu’un seul pain avec eux dans la barque.

Et voilà qu’un incident d’allure banale va lui permettre de parfaire la formation de ses disciples. Marc, introduit ici une argumentation qui attire toute notre attention. Il part d’une banalité flagrante, pour aboutir par un retournement de situation de Jésus à une leçon magistral. Reconnaissons humblement la façon peu banale qu’emploi l’évangéliste pour nous interpeller ! 

15 - Or Jésus leur faisait cette recommandation : « Attention ! Prenez garde au levain des pharisiens et au levain d’Hérode ! »

Bien entendu il s’agira encore du pain. Marc profite de cette double confusion entre Jésus et ses amis pour préciser l’enseignement ou Jésus veut amener ses amis, vu l’incompréhension et le décalage qui existe dû à leur aveuglement. Dans le monde juif, le levain peur le pain, ce ferment actif, qui permet la fermentation de la farine pour le matérialiser en pain, est étrangement symbole de corruption. Jésus qui vient de déjouer le piège des pharisiens voudrait voir ses propres amis prémunis contre leurs projets pervers, et les mettre en garde pour l’avenir. 

16 - Mais ils discutaient entre eux sur ce manque de pains.

Mais Jésus reste un incompris. Ses disciples se préoccupent plus pour le manque de pain que pour l’instruction du Maître.Il réside hélas, un grand abîme entre meurs soucis matériels et les vues strictement spirituelles que Jésus veut leur inculquer. 

17 - Jésus s’en rend compte et leur dit : « Pourquoi discutez-vous sur ce manque de pains ? Vous ne saisissez pas ? Vous ne comprenez pas encore ? Vous avez le cœur endurci ?

La réaction de Jésus ne se fait pas attendre. Ce n’est pas la première fois qu’Il s’en prend à ses disciples, mais cette fois -ci, devant leur incrédulité la coupe déborde. Ses reproches sont cinglants. Les mots qu’Il emploie rappellent la plainte de Dieu envers son peuple, qui selon LUI a le cœur endurci. 

18 - Vous avez des yeux et vous ne voyez pas, vous avez des oreilles et vous n’entendez pas ! Vous ne vous rappelez pas ?

Jésus reprend l’accusation virulente que les prophètes faisaient au peuple élu : « Avec leurs yeux ils ne voient rien, avec leurs oreilles ils n’entendent rien ». (Jr 5,21) En somme une forme de désespérance. 

Evangile selon Saint Marc

19 - Quand j’ai rompu les cinq pains pour cinq mille personnes, combien avez-vous ramassé de paniers pleins de morceaux ? » Ils lui répondirent : « Douze. »

Marc fait ressentir l’obsession que ressent le Maître devant leurs manques d’attention et de compréhension. Ils sont aveugles et sourds devant la profondeur des paroles et les actions de Jésus. Ici, nous montre Marc, l’obsession atteint son sommet. Il s’acharne avec insistance peu commune à secouer ceux qui le suivent dans la foi. 

20 - Et quand j’en ai rompu sept pour quatre mille, combien avez-vous rempli de corbeilles en ramassant les morceaux ? » Ils lui répondirent : « Sept. »

Sans cesse il leur remémore l’importance des signes accomplis, qu’Il leur a donnée, de son œuvre messianique. Comment ont-ils pu déjà oublier la double multiplication des pains, et n’en points discerner la signification profonde, eux qui s'ingénus à se demander encore comment faire pour le manque de pain qu’ils ont avec eux !

21 - Il leur disait : « Vous ne comprenez pas encore ? »

Cette dernière apostrophe de Jésus est lourde d’accablement devant la dure réalité qui pour le moment encore s’impose à lui. Les Apôtres n’int toujours pas compris l’identité que Jésus a clairement posée devant eux le maître a largement conduit ses disciples à entrevoir son visage. Celui du Messie annoncé ! Il leur a pleinement dévoilé ses capacités à rassembler et à nourrir dans la foi un peuple de Dieu renouvelé par l’accueil des païens. Combien de temps encore les amis de Jésus feront-ils la sourde oreille et fermeront leurs yeux à ce message de salut universel. 

22 - Jésus et ses disciples arrivent à Bethsaïde. Des gens lui amènent un aveugle et le supplient de le toucher.

Marc nous raconte là, la troisième mission de Jésus en terre païenne. Bethsaïde à l’Est du fleuve Jourdain. Les deux premières l’avaient conduit brièvement en Décapole et l’autre plus longuement dans la région de Tyr de t de Sidon. Celle -ci n’a pas de finitude à proprement parler. L’aveugle que l’on amène à Jésus ressemble en toute circonstances à l’aveugle -bègue que nous avons déjà vu. 

23 - Jésus prit l’aveugle par la main et le conduisit hors du village. Il lui mit de la salive sur les yeux et lui imposa les mains. Il lui demandait : « Aperçois-tu quelque chose ? »

Comme précédemment, Jésus prend le malade à l’écart, loin de toute publicité tapageuse. Ensuite comme la première fois, à la mode des guérisseurs de son temps Il utilise la vertu curative de la salive, à laquelle il ajoute l’imposition des mains ! Puis étrangement Il pose une question qui semble inquiète !

24 - Levant les yeux, l’homme disait : « J’aperçois les gens : ils ressemblent à des arbres que je vois marcher. »

Mais il est surtout curieux de constater que le Maître opère une guérison en deux temps. L’homme commence bien à y voir mais son regard reste très flou. Ce qui oblige Jésus à refaire son geste.

25 - Puis Jésus, de nouveau, imposa les mains sur les yeux de l’homme ; celui-ci se mit à voir normalement, il se trouva guéri, et il distinguait tout avec netteté.

Jésus recommence son geste qu’Il réussit avec succès. Un tel miracle où Jésus est obligé de s’y reprendre à deux fois pour réussir une guérison, est unique dans tous les évangiles. Marc a voulu nous faire comprendre que sa signification est purement symbolique. 

[Marc est profondément marqué par la messianité du Christ. Il s'ingénu à nous en montrer la vertu profonde. Dans l’épisode précédent, Jésus à proprement traiter ses disciples d’aveugles et de sourds au sujet de sa mission, obligé de leur rappeler ses différentes actions, tant sur les guérisons que sur les multiplications des pains. Cet épisode passé souligne la difficulté des disciples à reconnaître l’identité profonde du Maître et son œuvre purement messianique. Il atteste donc, sans équivoque, la lenteur profonde qu’à l’humanité à parvenir sincèrement à une foi profonde. Tout un long cheminement s’avérera nécessaire à tous ceux qui seront touchés par la foi qui indispensablement devront progressivement se dessiller les yeux et ouvrir les oreilles de leurs cœurs.] 

26 - Jésus le renvoya dans sa maison en disant : « Ne rentre même pas dans le village. »

Cet épisode tout comme l’autre se termine comme convenu par l’imposition du secret messianique La guérison de l’aveugle de Bethsaïde à cet endroit de la narration, veut livrer un message d’espérance, car pour qui veut suivre Jésus sur le chemin de la foi, même si pleine d’embûches, la persévérance est nettement payante, Jésus lui-même se porte à aider l’humain en l’illuminant de sa lumière. Le chemin étroit et obscur devint ainsi une autoroute illuminée par le soleil.

Nous allons maintenant entrer dans une phase très importante, cher à St Marc, qui voit dans ce passage, l’un des plus importants pour lui, dans la compréhension de la foi en Jésus comme Messie, c’est-à-dire comme Christ de Dieu. (Se rappeler que le mot Christ est grec car le mot Messie en grec ce traduit par Christos) Cette étape importante de la foi ne se pose pas uniquement aux Apôtres et au peuple élu dans son ensemble, non, c’est une interrogation qui touche chacun de nous en particulier. De fait, Jésus ne cesse, tout au long de notre existence de nous interpeller sur ce qu’IL représente pour chacun de nous très particulièrement. La question nous est posée, journellement, et surtout personnellement. « Pour toi, qui suis-je ? » Il appartient alors à chacun de se prononcer en son âme et conscience et surtout en fonction du cheminement auquel la vie là confrontée. La foi se découvre petit à petit, par des chemins souvent détournés, mais aussi parfois par des routes, je dirais même des autoroutes qui nous y emmènent de façon rapide, exemplaire. Attention à la rapidité et surtout à la facilité. Veillez à ce que ce ne soit pas un chemin de traverse auréolé de fantasme qui nous fait voire et croire à des merveilles qui finalement se transformeront en un piège mortel. Tous les évangiles nous mettent en garde contre ce danger réel que le malin exerce sur nous de façon à nous perdre et nous faire sombrer dans la nuit la plus noire de notre existence. Certes toutes les routes ou autoroutes ne sont pas de ce type-là, mais la vigilance s’impose. La vie n’est pas un long fleuve tranquille, et ne nous fait pas de cadeau. Chacun de nous porte sa propre croix, et chacune représente une longue marche qui va de la connaissance de cet amour de Dieu à la foi que nous lui confions. Les différentes étapes de notre vie, bonnes ou mauvaises nous amènent à réfléchir, à prendre parti, et en fonction des aléas de notre vie, souvent et de façon indue, nous prenons des décisions qui ne sont pas irréversibles, mais auxquels il nous faudra apporter toute notre attention et tout notre discernement pour prendre la bonne décision. Cela ne se fait pas un jour, et parfois tout une vie n’y suffit pas. Tous les évangiles nous expliquent, et chacun de façon différente la façon lente mais progressive que Jésus a prise pour éduquer ses disciples. Trois longues années, suivis de plusieurs décennies de travail acharné et incessant pour annoncer à temps et à contre-temps, la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu, instauré par Jésus pour tous les humains de notre belle planète, la TERRE. Marc nous a conduit aussi jusqu’à présent par des chemins détournés à cette révélation qui va maintenant faire partie intégrante de la vie des disciples du Maître.

27 - Jésus s’en alla, ainsi que ses disciples, vers les villages situés aux environs de Césarée-de-Philippe. Chemin faisant, il interrogeait ses disciples : « Au dire des gens, qui suis-je ? »

Jésus, emmène maintenant un peu à l’écart, dans une région qui se trouve au Nord du pays d’Israël, aux sources même du fleuve Jourdain, au pied du mont Hermon, région écartée, en, plein territoire païen. Pourquoi en ce lieu bizarre ? Marc ne nous en fournit pas l’explication, une fois de plus ce qui l’intéresse c’est ce qui va se passer entre Jésus et ses disciples. Jésus profite de cette longue marche qu’il lui est donné de faire pour chemin faisant, sonder de façon au départ très anodin, ce que les gens pensent de Lui, Il semblerait que, suite aux nombreux miracles accomplis par lui, une certaine opinion générale se soit faîte sur lui. Certes Jésus n’a pas besoin de poser la question ouvertement, car déjà il en connaît la réponse, mais la subtilité que Marc nous fait voir et que Jésus, par ce biais, interroge directement ses amis. Le fond de la question réelle est : pour vous ? « QUI SUIS-JE ! » 

28 - Ils lui répondirent : « Jean le Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres, un des prophètes. »

La réponse que font les disciples sur ce sondage d’opinion est intéressante et révélatrice. Le voile est ainsi soulevé sur les idées qui donnaient libre cours dans le peuple juif. On peut donc librement penser que deux années se soient écoulées avant cet épisode. De la foule anonyme à la personne d’Hérode Antipas, s’exprimaient des opinions similaires à celles que Jésus recueille sur la bouche de ses amis. Les réponses varient en fonction du public rencontré et entendu. Bien sûr, il s’agit toujours d’un prophète, ancien ou nouveau. Là-dessus l’opinion semble être unanime. Donc cette vision populaire du Maître fait de Lui un envoyé de Dieu ! Sauf peut-être pour certains pharisiens endurcis dans leurs entêtements, le message est clair. Jésus est bien un prophète envoyé par Dieu, mais dont la vision de son prophétisme n’est pas encore très claire, elle reste floue. Disons que de nos jours, nous dirions que la foule se tâte, sans vraiment trop ni savoir ni lui inculquer une orientation définitive.

[Reconnaître en Jésus un grand prophète, n’est pas sans valeur. C’est déjà un premier pas dans la foi. Mais cela est encore en dessous de la vérité. Voilà pourquoi Jésus incite son entourage immédiat, ses disciples, à se prononcer sur Lui et beaucoup plus clairement. En fait il sonde directement et clairement ses amis sur sa personnalité.] 

Evangile selon Saint Marc

29 - Et lui les interrogeait : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Pierre, prenant la parole, lui dit : « Tu es le Christ. »

Cette question-là posée directement aux Apôtres est maintenant capitale. Voilà des mois, voire même des années que les disciples suivent le Maître. Ils sont témoins directs de tous les enseignements promulgués et tous les miracles accomplis. Là-dessus pas de doutes ! Ils sont les témoins oculaires direct de tous ces faits et gestes, de jours comme de nuit. Ils ont parcouru à ses côtés un périple non seulement géographique, mais surtout fortement spirituelle. L’heure semble donc propice au Maître pour faire le point, avant de poursuivre leur éducation sur cette longue pédagogie sur la foi déjà inculquer. En fait il veut savoir si ses mais sont encore enfermés dans cet aveuglement dont il a dénoncé la persistance fâcheuse. Ont-ils, maintenant, la perception plus nette de son identité véritable ? La réponse de Pierre retentit comme un éclair dans un éclair lumineux dans un ciel sombre ! C’est une profession de foi sans équivoque. Par la bouche du premier d’entre eux, les disciples montrent qu’ils sont finalement parvenus à donner à Jésus son exact identité ! « Le MESSIE ». Cette révélation fait de Jésus l’Envoyé Spécial Du Dieu Tout Puissant, Celui littéralement consacré par LUI directement, pour établir son Règne sur la terre.

[Arrêtons là un instant pour nous remettre en mémoire que dans la pensée juive de ce temps, ainsi que celle contemporaine véhiculé par le Sanhédrin, était que le Messie attendu prendrait le visage d’un libérateur plus politique que religieux, et qui devrait avant tout pour rétablir les droits de Dieu vis-à-vis de son peuple, bouter l’occupant romain hors de ses frontières, royaume de David, figure restait emblématique pour tous les juifs. Il apporterait avec lui l’abondance des biens économiques, la fin de routes les maladies et rendrait ainsi florissant le pays tout entier. En somme un Messie prestigieux. Or nous l’avons vu, Jésus à cause de ses miracles et ses succès sur la mort et sur le mal à du lui-même tempérer les fausse espérances placées en sa personne. Il lui fallut sans cesse détournés ses auditeurs de l’image trompeuse d’un Messie tout humain qui restaurerait en Israël le PARADIS PERDU. En est loin de la coupe aux lèvres. La populace a tôt fait d’amalgamer Jésus à ce prophète tant attendu]. 

30 - Alors, il leur défendit vivement de parler de lui à personne.

Marc nous souligne encore de façon ostentatoire, que Jésus implique la consigne du secret messianique. Elle s’impose aussi à ses disciples eux-mêmes. C’est la consigne du silence imposée à chaque fois tant aux démons, qu’aux malades guéris. Marc nous montre ici l’attitude réservée du Maître devant les attentes trop humaines des foules qui le suivent ou avec qui il a eu à enseigner. Seul la passion et la résurrection du Maître après sa mort avérée, offriront à ceux qui l’auront suivi jusqu’au bout, le moyen de saisir la vérité totale du mystère de sa personne, de son identité réelle, et surtout de sa mission sur terre.
Si cela devait s’arrêter là, l’affaire serait close d’elle-même. Maître et disciples continueraient leur chemin. Jésus continuerait de faire enseignement et miracles et la vie poursuivrait son petit chemin tranquille. Mais il en va autrement. Jésus n’est pas venu sur terre en villégiature. Il est venu accomplir le dessin du Père, la volonté de Dieu. Aussi Jésus en décide autrement. Il commence à préparer ses disciples leur annonçant ce qui doit se produire ensuite. 

31 - Il commença à leur enseigner qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, trois jours après, il ressuscite

Donc Jésus interpelle ses disciples mais pas pour une simple information, c’est un véritable enseignement qui constituera dans le monde un commencement nouveau. Jésus profite de la circonstance très favorable qui vient de se produire précédemment, ou Pierre reconnaît en Jésus le « Christ de Dieu », pour leur parler de lui, comme le Messie qui doit mourir. La suite et tout aussi intéressante, mais les disciples choqués n’entendent que cela : Jésus doit mourir !

[Les mots du Maître sont savamment choisis. Il ne reprend pas curieusement le titre de Christ ou de Messie qui lui revient de droit, cela resterait trop ambigu dans les esprits du peuple élu, porteurs des visées terrestres plus politiques que spirituelles, longtemps divulguer les sociaux religieux depuis longtemps déjà avant la venue du Messie. Jésus intentionnellement reprend la fameuse appellation de « Fils de l’Homme » qu’il s'est attribué lui-même dès le début de son ministère. Cette appellation évoque une personnalité profonde engagée dans le mystère de Dieu et de son dessein de salut pour le monde selon le prophète Daniel (Dn 7, 13-14). Mais la vérité, si choquante soit-elle, c’est que cet humain destiné à réaliser la victoire du règne de Dieu sur le Mal et sur la Mort, doit d’abord lui aussi souffrir et mourir. La furtive expression ‘’Il fallait’’ veut discrètement inscrire la souffrance et la mort du Messie dans cet insondable dessein de Dieu pour sauver l’humanité. Du côté partialement humain, reconnaissant que de prime abord, ainsi annoncé, cela reste purement incompréhensible et insoutenable. Pourquoi donc, Dieu aurait -IL choisi un cheminement aussi catastrophique ? N'y avait-il pas une autre possibilité à utiliser pour cette victoire à venir ? Au regard des idées de l’époque, tout ceci est proprement inconcevable ! Dans l’esprit du peuple élu, on attendait un Messie qui ne saurait en aucun cas connaître la souffrance, bien au contraire, il en serait le grand vainqueur. De fait il s’agirait d’un être exceptionnel, quasi mythique,que Dieu fera échapper au sort du commun des mortels. Le peuple attendait dans ce Messie le retour annoncé dans le droit fil de la figure emblématique d’Élie, au destin légendaire, qui sans passer par la mort fut ravi au ciel dans un char de feu. Ce type d’attente de tout un peuple, en dit long sur un Messie idéal, mystique et mythique, échappant aux lois impérieuses de l’humanité. Dons un Messie souffrant et qui de plus doit mourir, non cela est purement improbable et surtout inconcevable. Jésus donc, surtout au regard des Apôtres s’inscrit en faux contre le mythe largement répandu, même si à l’annonce de sa mort, il rajoute un motif d’espérance, sa résurrection, qui sur le moment ne pouvait pas même être entendue ni envisagé que de façon très vague, presque inconcevable pour un Messie glorieux qui devait normalement sortir Israël de tous marasmes terrestres.] 

32 - Jésus disait cette parole ouvertement. Pierre, le prenant à part, se mit à lui faire de vifs reproches.

Cette première annonce de sa souffrance et de sa mort frappe de front les disciples hébétés. Jusque-là, la possible mort du Maître n’était envisagé que comme un complot qui n’apparaissait qu’en passant à l’évocation d’une coalition des adversaires du Maître, scribes pharisiens et sanhédrin en tête. Maintenant que Jésus leur dévoile le sort qui l’attend vis à vis de ce profond mystère, est un choc profond pour les disciples contrits. La rebuffade de Pierre en témoigne, du refus d’accepter une telle fin. Il s’insurge, vas même jusqu’à rabrouer le Maître, jusque-là alors impensable pour un disciple vis-à-vis de son maître. Il n’est pas question de suivre un maître qui court sciemment à sa perte. Impensable, inconcevable. De quoi perdre la foi si durement acquise au fil des jours passés à pratiquement aduler le Maître. 

33 - Mais Jésus se retourna et, voyant ses disciples, il interpella vivement Pierre : « Passe derrière moi, Satan ! Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. »

Mais Jésus n’entend pas laisser ses disciples dans l’illusion fallacieuse qu’ils se font sur son destin. Le Maître qui marche normalement à la tête du petit groupe, se retourne et fait face à ses amis. Cette volte-face interpelle les disciples qui s’arrêtent net. Les paroles prononcées sont alors très dures. C’est un rappel à l’ordre impératif. Le disciple doit rester à sa place, derrière le Maître, et surtout ne pas se permettre de faire allusion à quoi que ce soit qui vienne changer l’enseignement du Maître. Il n’a pas à se substituer à son Maître, qui, lui seul connaît le vrai chemin à suivre, Aussi, violemment, Jésus n’hésite pas à le qualifier de suppôt de Satan qui signifie littéralement en hébreu Adversaire, celui-là même qui pousse les humains à se soustraire à la volonté de Dieu, les menant à leur perte. Jésus démasque donc ici en la personne de Simon dit Pierre, le tentateur qui a l’aube de sa mission c’était déjà dressé contre lui. 

[L’instant est purement dramatique. Pierre dans un mouvement de protestation véhémente n’a fait qu’exprimer ouvertement l’espoir tout humain qui habite le peuple juif de son temps. La venue d’un Messie triomphant que ni la souffrance, ni la mort ne saurait effleurer. Jésus pour remettre ses disciples dans le droit chemin se doit de détruire ce rêve insensé. C’est la pensée et le vouloir des humains qu’ils expriment ainsi et non pas la volonté de Dieu. Il faut comprendre et admettre qu’un abîme sépare la volonté de Dieu de la pensée humaine. Dieu a voulu que son Messie épouse totalement et pleinement la condition humaine, passant par la souffrance et la mort, avant de Lui donner par sa résurrection le Pouvoir de Juger et de Sauver le monde de façon universel à la fin des temps qui lui est imparti]. 

34 - Appelant la foule avec ses disciples, il leur dit : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive.

Jésus se trouve toujours semble-t-il, en pays païen, dans l’entourage sont ses disciples en tant que juif comme lui. Or, Jésus appelle la foule à rejoindre ses disciples, donc les païens qui maintenant se mettent à le suivre. S’il associe la foule qui le suit au cercle juif fortement restreint que représentent ses seuls disciples, c’est que son enseignement nouveau sur la nécessiter de sa mort résurrection concerne de fait un public beaucoup plus large que le seul peuple d’Israël. Cette invitation est assez dure à entendre pour toute personne qui écoutait ! La croix, est tout le monde le savait juifs comme païens, était le supplice par excellence que les romains réservés aux dissidents du régime que Rome imposée aux peuples qui lui étaient soumis. Ainsi dans la bouche de Jésus, prendre sa croix pour le suivre à un sens étonnamment profond.

35 - Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile la sauvera.

Jésus, sans ambiguïté possible, spécifie nettement que pour celui qui veut mettre ses pas dans les siens, doit savoir se renoncer à soi-même, et cela incombe quiconque rentre dans le cheminement de la foi, la vie promise par le Christ est à ce prix-là. IL est bon ici de savoir aujourd’hui nuancer cette exhortation ! Dans notre monde actuel, plusieurs chemins conduisent à cette réalité. IL convient à chacun de la trouver et de l’adapter à sa juste mesure, mais sans tricheries. 

36 - Quel avantage, en effet, un homme a-t-il à gagner le monde entier si c’est au prix de sa vie ?

La raison donnée par Jésus constitue un fameux paradoxe ! Succinctement, Il justifie que le salut ne soit pas pour chacun dans le sauvetage humain de son existence, même s’il importe à chacun de sauver sa vie car la vie humaine n’a pas de prix, plus que tous ce qu’il y a de plus cher au monde ! Mais refuser de donner sa vie pour le Christ c’est tout simplement le renier. Donner sa vie pour le Christ, c’est réussir plénièrement son existence ici-bas et se préparer pour l’éternité à venir. 

37 - Que pourrait-il donner en échange de sa vie ?

Le ton très ferme de Jésus à ce sujet brûlant est sans ambiguïté. Avoir honte du Lui et de ses paroles comme de ses miracles, c’est la tentation qui guette tout chrétien devant la souffrance, la désolation, la guerre, la mort ! Jésus pose là, un dilemme auquel nous sommes tous confrontés tôt ou tard, est-ce depuis la nuit des temps. Notons, que jusqu’à ce jour, nul n’a eu de réponse.

38 - Celui qui a honte de moi et de mes paroles dans cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l’homme aussi aura honte de lui, quand il viendra dans la gloire de son Père avec les saints anges. »

Jésus dans cette phrase, fait allusion de façon très forte, aux propos par lesquels les prophètes apostrophaient le peuple
de Dieu infidèle à son alliance. Isaïe traitait carrément le peuple d’Israël de « race adultère » et « prostituée » (Is 57,3) Certes que la sévérité du propos de Jésus dans ce passage ne se comprend, bien entendu, qu’en tant que paroles du Seigneur ressuscité ! Le « Fils de l’Homme » demandera des comptes aux hommes, chrétien ou non, fidèle ou infidèle, quand il reviendra dans sa gloire pour juger le monde. Le Messie savait que le Règne de Dieu venait en sa personne, mais s’en savoir avec certitude le temps et les modalités de son retour en gloire ! Seul Dieu le Père connaît le jour et l’heure ! C’est pourquoi nous avons là, une trace historique de sa conscience. 

Evangile selon Saint Marc

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